Après le passage du Conseil de sécurité de l'ONU en RDC, Lubaya critique la diplomatie congolaise et constate: "Notre rhétorique  sur la situation de l’Est a reçu un maigre écho en interne et auprès de nos partenaires" 

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Le Député national Claudel Lubaya

La mission du Conseil de sécurité des Nations-Unies s'est clôturée en République Démocratique du Congo. Cette mission dimanche dernier. Elle avait pour objectif principal d'évaluer la situation sécuritaire et la mise en œuvre du mandat de la Monusco conformément à la résolution 2666. 

Durant leur séjour de travail, les membres de la délégation ont séjourné à Kinshasa et à Goma.  Le Conseil a notamment donné sa position quant à la crise qui sévit dans l'Est du pays. Il a entre autres demandé de négocier avec le M23 et au gouvernement de prendre ses responsabilités face à toute cette situation.

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Pour le député national Claudel Lubaya, au regard des différentes positions exprimées par les partenaires de la RDC, il est temps de se remettre en question. 

"Depuis la dégradation de la situation sécuritaire dans l’Est, comme bien avant cela, le Président de la République n’a cessé de parcourir le monde pour faire entendre la voix de la RDC dans le cadre de la diplomatie dite "agissante", dénonçant, à juste titre, l’agression dont le pays est victime et ses implications géostratégiques dans la sous-région. Il aura été partout, et aura tout dit, tout fait", a noté l'élu de Kananga dans une communication ce lundi 13 mars 2023

Et de poursuivre :

"A-t-il été entendu ? Oui. A-t-il été compris ? Difficile de l’affirmer, quand on entend la délégation du Conseil de sécurité des Nations-Unies renvoyer, à la fin de sa mission, les autorités congolaises à leurs responsabilités constitutionnelles au sujet de la situation de l’Est. Cette déclaration s’ajoute à celle d’E. Macron, Président français, lors de sa récente visite à Kinshasa. Ce qui est tout à fait logique. La prise de position de l’organe de l’ONU est la preuve irréfutable que sur la question congolaise, la lassitude a fini par gagner la Communauté internationale. Le Congo n’est pas l’Ukraine, certes. Les enjeux ne sont pas les mêmes".

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Pour Lubaya, si la voix de la RDC n'a pas été entendue sur le plan international, c'est suite à la faible cohésion interne et cela démontre les limites de la diplomatie du régime Félix Tshisekedi.

"C’est ici le lieu de reconnaître que notre rhétorique "dénonciationniste" sur la situation de l’Est a, dans une moindre mesure et faute de résultats, reçu un maigre écho en interne, en même temps qu’auprès de nos partenaires, elle a démontré toutes ses limites. Les faits sont là. Le Congo est seul. Aucun pays ne le suit. Que dire ? Notre diplomatie tant vantée n’a produit les effets escomptés. Elle a plutôt failli. Elle a saigné le trésor public, coûté des centaines de millions de dollars, entraîné plusieurs périples qui, au final, n’ont pas permis d’atteindre le résultat voulu. Congo is not back. C’est une réalité !", a déploré cet élu.

Et d'interpeller :

"Il devient impératif de nous remettre en question et sans concession, pour créer les conditions nécessaires à la concorde nationale, effritée au fil des ans. Dans la foulée, réévaluer et réajuster notre approche sur la myriade de groupes armés notamment le M23, CODECO et sur nos relations avec nos voisins. Même si certains ne veulent pas l’admettre, la solution à nos problèmes ne viendra jamais de l’extérieur si ce n’est de nous-mêmes. Sinon, à quoi serviraient les institutions du pays si elles doivent, à chaque fois, se faire rappeler le rôle qui leur incombe de garantir la souveraineté de l’État congolais".

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La RDC est confrontée à une crise sécuritaire qui menace son intégrité territoriale dans l'Est où, en plus d'une centaine de groupes armés, la rébellion du M23 qui a resurgi depuis une année occupe des vastes zones dans les territoires de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi grâce à l'offensive qu'elle mène avec l'appui du Rwanda.

Les processus de Luanda et de Nairobi ainsi que le dernier sommet d’Addis-Abeba sur la situation en RDC ont recommandé le cessez-le-feu sur le terrain et le retrait des rebelles des zones occupées. Un calendrier de l’EAC prévoyait le retrait des rebelles à partir du 28 février dernier. Mais rien n’est fait à ce jour. 

La RDC continue d’accuser le Rwanda de soutenir les rebelles du M23. L’appui du Rwanda aux rebelles du M23 est corroboré par des experts de l'ONU et plusieurs pays occidentaux, bien que Kigali s'en défende.

Plusieurs initiatives diplomatiques, infructueuses jusqu'à présent, ont été lancées, notamment par l'EAC, qui a créé une force régionale censée s'assurer du retrait du M23 des positions conquises depuis un an. 

Clément MUAMBA