L’appel du Conseil de sécurité de l’ONU au gouvernement congolais à s’assumer face à la crise qui sévit dans l’Est du pays n’est pas passé n’est pas resté sans suite. Ce lundi, le gouvernement a réagi à ce qui paraît aux yeux de nombreux observateurs “un rappel à l’ordre” à un gouvernement qui n'attend que d’autres organisations ou Etats interviennent à sa place pour défendre l’intégrité territoriale de la RDC menacée.
Le Vice-premier ministre des affaires étrangères, Christophe Lutundula a indiqué que Kinshasa ne compte pas sur l’ONU pour régler ses problèmes moins encore un État.
" C'est extrêmement grave, c'est une erreur à la limite qu'on peut éviter si on est de bonne foi. C'est une erreur que de penser que les autorités actuelles de ce pays pensent que les Nations-Unies, qu'il y a un pays au monde qui résoudra les problèmes des congolais quelqu'il soit ”, a dit le Vice-premier des affaires étrangères.
Et d’ajouter:
“ De la même manière, il est tout à fait inadmissible, je vais dire incorrecte à la limite scandaleux que d'imposer à un pays, la République Démocratique du Congo à l'époque Zaïre d'accueillir les génocidaires qui venait fraîchement d'endeuiller l'humanité, lorsque la RDC a refusé ou voulait refouler les génocidaires la voix est venue d'où ? ”.
Les membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont clôturé par Goma leur visite de quatre jours en RDC. Ils ont appelé les autorités congolaises à prendre leurs responsabilités face à la crise dans l’Est congolais.
Le même appel a été formulé récemment par le Président français Emmanuel Macron lors de sa visite à Kinshasa.
“ Il est également extrêmement grave et inadmissible qu'on vienne en RDC pour effectuer une mission noble, parler avec les autorités congolaises et nous avons demandé que ça soit la sincérité, la franchise, le vrai diagnostic et que par la suite vous faites le Ponce Pilate. Cela n'est pas possible, si nous sommes avec les Nations Unies c'est parce que nous sommes des hommes et des femmes, des congolais corrects ", a pesté Christophe Lutundula.
La RDC s’est lancée depuis plusieurs mois sur la voie diplomatique à la suite de son agression par le Rwanda via le M23, en vue notamment d’obtenir des sanctions contre Kigali. Pour le Chef de la diplomatie Congolaise, la demande des sanctions rentre dans le cadre de la charte qui lient des États du monde aux Nations-Unies.
" Nous n'attendons pas de miracle de la part des Nations-Unies, nous disons, il y a une charte, celle des Nations-Unies, il y a une série de conventions relatives aux droits de l'homme, il y a d'autres instruments juridiques qui régissent les relations entre les Nations, tirez tout simplement les conséquences de ces instruments juridiques. La loi n'a d'utilité que quand elle peut régler les différends, des conflits, que ça soit à l'échelle internationale et pour cela il faut la sanction, c'est ce que nous demandons, il ne faut pas qu'il y ait la politique de deux poids deux mesures, il ne faut pas non plus créer des précédents ”, a-t-il réagi.
A Goma, à la fin de sa mission, le Conseil de sécurité a publiquement reconnu l’agression rwandaise, et a promis des sanctions notamment dans les rangs du M23.
La RDC est confrontée à une crise sécuritaire qui menace son intégrité territoriale dans l'Est où, en plus d'une centaine de groupes armés, la rébellion du M23 qui a resurgi depuis une année occupe des vastes zones dans les territoires de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi grâce à l'offensive qu'elle mène avec l'appui du Rwanda.
Les processus de Luanda et de Nairobi ainsi que le dernier sommet d’Addis-Abeba sur la situation en RDC ont recommandé le cessez-le-feu sur le terrain et le retrait des rebelles des zones occupées. Un calendrier de l’EAC prévoyait le retrait des rebelles à partir du 28 février dernier. Mais rien n’est fait à ce jour.
La RDC continue d’accuser le Rwanda de soutenir les rebelles du M23. L’appui du Rwanda aux rebelles du M23 est corroboré par des experts de l'ONU et plusieurs pays occidentaux, bien que Kigali s'en défende.
Plusieurs initiatives diplomatiques, infructueuses jusqu'à présent, ont été lancées, notamment par l'EAC, qui a créé une force régionale censée s'assurer du retrait du M23 des positions conquises depuis un an.
Clément MUAMBA