Le mouvement citoyen Filimbi, une organisation de la société civile congolaise, a assimilé les deux factions de la milice Malaïka au mouvement rebelle du M23. Dans une déclaration à la presse, le chargé de l’administration et logistique de la coordination nationale de ce mouvement et influent membre au Maniema, a déclaré que les deux factions de la milice Malaïka qui s'affrontent depuis début octobre dans le territoire de Kabambare, le groupe du chef de guerre, le Cheik Kabala et ceux du chef de guerre et général d’Etat-Major autoproclamé Mandevu, sont animées par les mêmes motivations que le M23.
“Si vraiment les Mai-Mai Malaïka étaient animés d'un sens élevé de patriotisme, ils devraient eux aussi se mobiliser comme le font d'autres et devraient demander leur déploiement dans le Nord-Kivu afin de combattre l'armée rwandaise et ses supplétifs du M23. S'accrocher seulement sur les exploitations minières prouve combien ils ne sont pas différents du M23”, a déclaré Benjamin Amuri.
Ce mouvement citoyen a également appelé les deux factions de la milice Malaïka à cesser leurs affrontements et à rejoindre les forces armées congolaises pour combattre les rebelles du M23.
Les affrontements entre les deux factions de la milice Malaïka ont occasionné le déplacement de plusieurs ménages. La société civile locale parle de plus de 4 500 ménages qui ont fui ces exactions pour se réfugier dans d’autres localités.
La signature du cahier de charges entre Strategos Mining et la communauté locale de Salamabila serait la pomme de discorde entre les deux factions de la milice selon Albert Katuta Wabulangi, administrateur du territoire de Kabambare.
Contexte
Fin septembre 2023, la société minière Strategos et la communauté locale ont signé un cahier de charge. Ce cahier des charges prévoit notamment la cession d'une partie du carré minier aux exploitants artisanaux, ce qui était une revendication de la communauté locale depuis plusieurs années. Cette situation avait conduit à des tensions et des violences entre la communauté locale et la société BANRO, qui avaient finalement conduit à la fermeture de l'exploitation minière en 2017.
Depuis 2016, le sud de la province du Maniema est le théâtre d'activités de groupes armés, notamment la milice Malaïka, composée de populations autochtones. Cette milice a mené des attaques, des tueries et des enlèvements pour protester contre le non-respect du cahier des charges signé avec Namoya Mining, une filiale de la société canadienne Banro Corporation.
L'acquisition des actifs de Banro par Strategos avait été annoncée en mars dernier. Antérieurement, en juin 2020, le groupe Banro avait annoncé la vente de sa mine d'or de Namoya à Shomka Resources Ltd, dans laquelle la société chinoise Baiyin International Investments détenait une participation minoritaire.
Chadrack Londe - Maniema