Patrick Muyaya : "Nous estimons que l'implication de certaines grandes puissances n'est pas suffisante pour contraindre le Rwanda, notamment au regard de la situation humanitaire"

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Patrick Muyaya, ministre de la communication et médias, porte-parole du gouvernement. Ph. Droits tiers.

La République Démocratique du Congo estime que l'implication des grandes puissances dans la crise sécuritaire qui sévit dans l'Est du pays n'est pas suffisante, compte tenu de leur influence et de leurs moyens pour mettre fin à cette situation. C'est ce qu'a déclaré le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, lors d'un briefing presse tenu mardi 6 février 2024 en compagnie du porte-parole des FARDC. Selon lui, les grandes puissances doivent redoubler d'efforts pour recadrer et sanctionner le régime de Paul Kagame.

"Dans cette guerre, impliquant certains États, nous estimons que l'implication de certaines grandes puissances n'est pas suffisante pour contraindre le Rwanda, notamment au regard de la situation humanitaire. Lors de discussions avec des responsables américains, nous avons exprimé notre opinion selon laquelle la meilleure solution pour nos populations déplacées n'est pas seulement d'apporter une aide via l'USAID", a affirmé Patrick Muyaya.

Il a également souligné : "Il est nécessaire d'utiliser davantage de leviers, car il est insuffisant de constater que malgré le soutien des États-Unis, la situation ne s'améliore pas significativement. Les mesures prises jusqu'à présent ne semblent pas être à la hauteur du drame que nous vivons ni des moyens dont disposent ces pays. Nous recevons des communications de l'ambassade, mais cela ne suffit pas."

Cependant, le ministre reconnaît que la diplomatie nécessite du temps et que les sanctions peuvent prendre du temps à être mises en place : "Le temps de la diplomatie n'est pas le nôtre, mais nous avons vu des sanctions être prises contre le Rwanda et nous sommes convaincus que d'autres suivront bientôt pour nous permettre de résoudre cette crise des Grands Lacs."

Patrick Muyaya a conclu en insistant sur l'importance du combat mené par la RDC : "Ce combat exige de la patience et du temps, mais nous sommes déterminés à reprendre le contrôle total de notre territoire et de nos ressources. Nous travaillons pour que les sociétés viennent acheter nos produits plutôt que de soutenir des réseaux de pillage. C'est un processus en cours et nous y parviendrons."

Les affrontements se sont intensifiés ces dernières semaines entre les forces en présence dans plusieurs villages du territoire de Masisi, permettant au M23 de progresser dans certaines zones jusqu'à atteindre la RN2, ce qui a semé la panique à Goma.

Les tensions sont particulièrement vives entre Kinshasa et Kigali depuis la résurgence du M23 fin 2021, une ancienne rébellion tutsi accusant Kinshasa de ne pas avoir respecté des accords sur la démobilisation de ses combattants. Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir cette rébellion, ce que Kigali conteste systématiquement.

Clément MUAMBA