"La feuille de route de Luanda" demeure à ce jour l'unique plan de sortie de crise dans la recherche de la paix et de la sécurité face aux tensions entre Kinshasa et Kigali. Cette affirmation émane de Patrick Muyaya, Ministre de la Communication et des Médias, lors d'un briefing presse conjoint avec le Général Major Sylvain Ekenge, Porte-parole des Forces Armées de la République Démocratique du Congo.
Patrick Muyaya répondait à une question de la presse concernant des informations relayées par certains médias indiquant que le gouvernement de Tshisekedi était disposé à ouvrir un canal de dialogue avec le Rwanda, à la demande des États-Unis d'Amérique.
"La situation de l'Est de la République Démocratique du Congo dispose d'un plan, le plan de sortie qui s'appelle la feuille de route de Luanda. La feuille de route de Luanda avait déjà commencé à être implémentée ou mise en œuvre, mais nous avons rencontré une difficulté lorsque le Rwanda, avec les RDF/M23, a refusé de donner accès au site de Rumangabo, désigné pour abriter le processus de désarmement de tous ces terroristes. C'est là qu'un point de blocage est survenu, conduisant même au départ des forces de l'EAC", a indiqué Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement, mardi 6 février 2024.
Patrick Muyaya estime que l'implication de Joao Lourenço, président de l'Angola, est conforme à sa mission confiée par l'Union Africaine. Selon lui, si son rôle s'inscrit dans le cadre de ce plan, la RDC est prête à faire sa part.
"Le médiateur désigné par l'Union Africaine se nomme Joao Lourenço. Parallèlement à la situation sur le terrain, il poursuit son travail de médiation. Cependant, il est important de rappeler que, quel que soit le cas de figure, nous ne pouvons envisager de forme de négociation lorsque notre territoire est occupé. Aujourd'hui, le plan pour la sortie de la crise dans l'Est de la République Démocratique du Congo s'appelle la feuille de route de Luanda. Si c'est dans ce cadre que les efforts sont déployés, notamment au niveau du Président Angolais, la République Démocratique du Congo fera sa part", a assuré Patrick Muyaya.
Il a ajouté : "Pour vous donner un petit rappel, la feuille de route de Luanda prévoyait le cessez-le-feu, le désarmement, le retrait et la démobilisation de ces forces. Elle attribuait des rôles aux organisations régionales, ainsi qu'aux pays de la Sous-région, pour s'assurer que cela soit réalisé. Pour nous, c'est la feuille de route de Luanda, son implémentation et sa mise en application, qui détermineront la suite des événements".
La tension est particulièrement vive entre Kinshasa et Kigali depuis la résurgence fin 2021 du M23, ancienne rébellion tutsi qui a repris les armes en reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté des accords sur la démobilisation de ses combattants. L'adoption d'une feuille de route à Luanda, signée en 2022 par le Rwanda et la République démocratique du Congo, est intervenue dans ce contexte. Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir cette rébellion, ce que Kigali conteste systématiquement.
Les combats se sont intensifiés ces deux dernières semaines entre les deux parties dans plusieurs villages du territoire de Masisi. Les affrontements ont permis au M23, soutenu par le régime de Paul Kagame, d'avancer dans certaines zones jusqu'à atteindre la RN2, créant ainsi de la psychose dans la ville de Goma.
Clément MUAMBA