L’actualité de la semaine vue par Sarah Elolo

Photo/ Droits tiers
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De l’annonce de la réduction du train de vie de l’Etat congolais pour faire face à  la guerre dans l’Est, à la suspension des plateformes comme X (anciennement Twitter) et TikTok dans certaines villes congolaises, en passant par la signature d’un décret interdisant aux athlètes transgenres de participer aux compétitions sportives féminines aux États Unis, la semaine qui vient de s’achever a été riche en actualités. Retour sur chacun de ces faits avec Sarah Elolo.

Merci de nous accorder de votre temps Madame. Pouvez-vous nous parler brièvement de vous?

Sarah Elolo: Je suis titulaire d’une licence en Anglais et en Informatique des affaires. Passionnée par les langues, la culture, et les enjeux technologiques. J’ai des compétences dans l’analyse des données, la gestion de projets numériques et la communication interculturelle. Aujourd’hui, je suis activement impliquée dans des projets visant à améliorer la communication et la transformation numérique, notamment dans le secteur de l’éducation et des entreprises en Afrique.

Le gouvernement congolais envisage de réduire le train de vie de l'État afin de mieux faire face à la situation dans l'Est du pays. Que pensez-vous de cette initiative de réduction des dépenses publiques ?

Sarah Elolo: La réduction du train de vie de l'État peut être une mesure nécessaire en cette période de crise, mais elle doit être mise en œuvre de manière réfléchie. On doit s’assurer que cette réduction n'affecte pas les services essentiels tels que l’éducation et la santé, qui sont indispensables pour le bien-être de la population. Cette décision doit être prise avec une vision stratégique à long terme pour équilibrer les priorités économiques et sociales.

Des plateformes comme X (anciennement Twitter) et TikTok ont été suspendues dans certaines villes congolaises, probablement pour limiter la propagation de fausses informations sur la situation à l’est du pays. Quelle est votre position sur ce ralentissements de certaines applications ?

Sarah Elolo: La suspension des réseaux sociaux peut sembler nécessaire face à la propagation de fausses informations, mais elle soulève des questions importantes sur la liberté d'expression et l'accès à l'information. Il est crucial de trouver un équilibre entre la lutte contre la désinformation et la protection des droits fondamentaux des citoyens. De plus, cette mesure peut avoir des répercussions sur la communication et la capacité des citoyens à s’informer de manière indépendante.

Selon vous, cette mesure est-elle une réponse efficace face à la désinformation ?

Sarah Elolo: La suspension des réseaux sociaux peut être une réponse ponctuelle, mais elle n'est pas une solution durable à la désinformation. Pour être efficace, on doit mettre en place des stratégies d'éducation aux médias, renforcer la vérification des faits et encourager un usage responsable des plateformes numériques. Une approche plus préventive, comme la promotion de l’esprit critique, pourrait avoir un impact plus durable.

Les Églises catholique et protestante ont exprimé leur volonté d’engager des discussions incluant le M23 dans le cadre de la recherche d’une solution au conflit à l’Est de la RDC. Que pensez-vous de l’implication des Églises dans ce processus ?

Sarah Elolo: L’implication des Églises dans la recherche de solutions à des conflits est souvent vue positivement, car elles peuvent jouer un rôle de médiation et de pacification. Les Églises ont un poids moral et une capacité à rassembler des individus autour des valeurs de paix et de réconciliation. Toutefois, il est important que leur intervention soit neutre et qu’elle ne vienne pas légitimer des groupes armés qui ont causé des souffrances à la population. Un dialogue inclusif doit être fondé sur des principes de justice et de réconciliation durable.

Est-il, selon vous, possible de trouver une solution durable au conflit sans impliquer des groupes armés comme le M23 ?

Sarah Elolo: Trouver une solution durable au conflit sans impliquer certains groupes armés semble difficile, surtout si ces derniers sont perçus comme des acteurs incontournables sur le terrain. Cependant, une solution durable ne doit pas forcément passer par la reconnaissance de ces groupes, mais plutôt par des négociations politiques qui engagent toutes les parties prenantes, y compris la société civile et les autorités internationales. Le respect des droits humains et la mise en place de processus de désarmement doivent être au cœur de toute négociation.

L'expert en défense et sécurité Jean-Jacques Wondo a récemment été libéré pour raisons de santé après avoir été condamné à mort dans le cadre de l’affaire liée à une tentative de coup d'État. Quelle est votre analyse de cette affaire et de la décision de libération pour raisons de santé ?

Sarah Elolo: Cette affaire soulève des questions sur l’état de la justice et des droits de l’Homme dans le pays. La libération pour raisons de santé semble être une décision pragmatique, mais elle doit être examinée dans un contexte plus large. La question de la condamnation à mort reste préoccupante, car elle touche directement aux principes de justice équitable et de droits humains. Une transparence dans les décisions judiciaires et le respect des procédures légales seraient des éléments cruciaux à garantir.

A partir du 10 février, la Chine va appliquer des droits de douane supplémentaires sur des produits en provenance des États-Unis, en réponse aux taxes imposées par Donald Trump. Quel est l'impact potentiel que pourrait avoir cette guerre commerciale sur la République Démocratique du Congo ?

Sarah Elolo: La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine pourrait avoir un impact indirect sur la RDC, notamment à travers les chaînes d'approvisionnement mondiales. Les augmentations de droits de douane pourraient faire augmenter les coûts des produits importés, ce qui affecterait le pouvoir d'achat des Congolais. De plus, la RDC étant riche en ressources naturelles, les tensions commerciales internationales pourraient influencer les investissements étrangers et les prix des matières premières, affectant l’économie locale.

Comment les citoyens congolais peuvent-ils se préparer à de possibles répercussions économiques, notamment sur les prix des biens de consommation ?

Sarah Elolo: Les citoyens congolais peuvent se préparer en diversifiant leurs sources de revenus, en économisant, et en étant plus conscients des fluctuations des prix. De plus, il est essentiel de renforcer la production locale afin de réduire la dépendance aux importations. Une meilleure gestion des ressources et une stratégie économique orientée vers le développement durable seraient également des outils importants pour faire face à d’éventuelles perturbations économiques.


Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka