Un mois après sa publication, la nouvelle grille tarifaire de transport en commun à Kinshasa, accueillie avec enthousiasme par les Kinois essoufflés par les coûts excessifs des courses, n'a pas été respectée par les conducteurs. ACTUALITÉ.CD a interrogé quelques habitants de différents coins de la capitale congolaise, qui expriment un sentiment de déception de voir qu'une mesure prise par l'autorité de l'État ne soit pas observée sur terrain.
En attente prolongée d'un moyen de transport sur l'arrêt Sous-région à la frontière entre les communes de Matete et Lemba, Monsieur Sami, habitant du quartier camp Riche à environ 200 mètres de l'échangeur, continue de payer 2 500 à 3 000 Francs congolais pour une course vers le centre-ville. Ce quinquagénaire estime qu'il incombe à l'État de faire respecter à la lettre les mesures visant à mettre de l'ordre dans les différents secteurs de la vie.
« Depuis que la mesure a été prise, aucun chauffeur, à moins que je ne me trompe, l'a respectée. Moi je reste ici à Lemba, au quartier camp riche. Entre l'avant et après cette mesure, c'est la même chose. Je paie 2500 voire 3000 FC juste pour arriver en ville. Pas d'effet sur terrain parce que les autorités n'arrivent pas à s'imposer pour contraindre les conducteurs à observer. Ailleurs les contrevenants sont sanctionnés mais par le cas chez nous, c'est regrettable », dit-il.
Planté devant une station d'essence à Matete, un étudiant explique le calvaire qu'il rencontre très souvent après ses cours en ville.
« La journée, lorsque les chauffeurs constatent qu'il n'y a pas assez de passagers sur les arrêts, ils rabattent le prix. Mais le soir, vu que tout le monde doit rentrer chez lui, nous payons plus. Et quand nous n'avons pas ça, nous marchons jusqu'au PNMLS », témoigne-t-il.
À Tshangu, la situation ets bine pire. Cynthia Mangayi réside dans la commune de Masina, elle témoigne qu'elle et son père qui travaillent en ville paient cher pour leur transport le matin. À l'en croire, des chauffeurs sont restés réfractaires à cette décision de l'État arguant que les embouteillages récurrents à Kinshasa ne leur permettent guère de faire les recettes convenues avec les propriétaires des véhicules.
« C'est très dur, surtout pour nous qui restons très loin de la ville. Nous souffrons tellement que parfois je n'ai pas envie de sortir », soupire-t-elle.
Habitant de Mont-Ngafula, un journaliste ayant requis l'anonymat, n'est pas content de payer le même montant que celui d'avant la nouvelle grille tarifaire. Il déplore la largesse des autorités de Kinshasa qui explique le non-respect de leurs décisions.
L'arrêté du 7 janvier fixant les prix de transport en commun dans la capitale était assorti d'une série de mesures, notamment l'affichage obligatoire à l’intérieur du véhicule des tarifs et des itinéraires en lettre d'au moins 10 Cm de hauteur. Pour une fois, la mesure n'est pas suivie, la pratique de sectionnement dite demi-terrain toujours dans le quotidien des Kinois, à cela s'ajoute la paie du ticket à l'extérieur des bus jaunes.
Cette décision fixait les prix de la manière suivante: du Marché de la liberté, Kingasani ( Pascal), Kingasani ya suka à Mikonga/Bibwa 500 FC ; Kinkole commune 1000 FC ; N'sele 1500 FC ; Maluku 2000 FC ; Menkao 2000 FC. À partir du marché Central à Kingasani ya Suka 1500 FC ; Kimbanseke 1500 FC ; Ndjili Sainte Thérèse 1000 FC ; Masina Petro Congo 1000 FC ; Matadi Kibala 2000 FC. Du centre ville ( Gare Centrale) à Inter Gombe 1000 FC ; Rond Point Assanef 1000 FC ; Bon Marché 1000 FC ; Victoire 1500 FC ; Masina Petro Congo 2500 FC ; Ndjili Sainte Thérèse 2500 FC; Kingasani II 2500 FC.
Après des remous constatés après la publication de cet arrêté, le ministre provincial de transport, Bob Amiso, avait donné un moratoire de 10 jours aux associations de transport à Kinshasa de vulgariser la mesure auprès des chauffeurs avant son application, sous peine d'une amende allant de 50 à 100 dollars d'amende. Après quelques jours de surveillance par la police, plusieurs chauffeurs avaient observé une grève en début des semaines, exprimant leur colère contre cette nouvelle mesure de l'hôtel de ville. Ils estiment qu'au regard de l'état des routes, des bouchons, il est, pour eux, impossible de réunir le versement qu'attendent leurs patrons chaque soir. Ils avaient plaidé auprès des autorités d'échanger avec les propriétaires des véhicules pour qu'ils repensent la question du versement.
Samyr LUKOMBO