L’artiste chanteur congolais Delphin Katembo alias Idengo est décédé ce jeudi 13 février. Les premières informations font état d’une mort par balle dans des circonstances non encore clairement élucidées. Cependant, le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) considère cet acte comme l’illustration de la menace qui pèse sur les voix critiques et libres en RDC.
“ Pour ses chansons révolutionnaires, Tshisekedi l'a emprisonné, le M23-RDF l'a abattu froidement. Le destin tragique de Delcat Idengo illustre la double menace qui pèse sur les voix critiques/libres en RDC et nous appelle à la résistance. Ne laissons pas sa voix s'éteindre ”, écrit le mouvement citoyen sur son compte X.
La mort de cet artiste révolutionnaire a provoqué une vive agitation à Beni, où des manifestations spontanées ont éclaté, paralysant partiellement les activités socioéconomiques dans la ville de Beni. Des jeunes en colère, arborant des bandeaux rouges et munis de bâtons, ont exigé la fermeture des commerces, soutenus par des motocyclistes klaxonnant bruyamment. Considéré comme la voix des sans-voix, Idengo dénonçait sans crainte les injustices et l’inaction des autorités face à l’insécurité persistante. La population réclame que son corps soit rapatrié à Beni pour des funérailles dignes.
Delphin Katembo, alias Idengo, un artiste musicien engagé du Nord-Kivu s’est fait connaître pour ses chansons critiques et révolutionnaires. Il avait notamment dénoncé le pouvoir en place et l’insécurité persistante dans l’est du pays. Arrêté à plusieurs reprises, il avait été condamné à 10 ans de prison avant d’être libéré en décembre 2023, sous la pression populaire lors de la campagne électorale. Malgré cette libération, il a continué ses actions militantes, ce qui lui a valu une nouvelle arrestation en 2024 lors d’une manifestation contre la Monusco.
Évadé de la prison de Munzenze fin janvier, à la veille de l’entrée du M23 à Goma, Idengo avait récemment repris ses activités artistiques en s’attaquant cette fois aux rebelles du M23, nouvellement installés dans la ville. La veille de sa mort, il avait dévoilé une chanson intitulée “Bunduki” (arme, en swahili), critiquant les groupes armés et le gouvernement. Son assassinat suscite de nombreuses interrogations, alors que son engagement artistique et politique dérangeait plusieurs factions en conflit dans la région.
Alors que la ville de Goma est sous occupation des rebelles M23/AFC soutenus activement par le Rwanda, les mouvements citoyens sont dans le viseur de nouvelles autorités de la ville. Leurs activités ont été publiquement menacées par un des partisans rebelles la semaine dernière. Le mouvement citoyen ayant été nommément cité est Lutte pour le changement (Lucha), ce qui met la pression sur des voix critiques aux opérations menées par les rebelles.
Toutes les sociétés civiles et les journalistes ont été aussi mis en garde pour “se taire”. Ces menaces ont été proférées par un cadre de l’AFC qui serait le nommé Jean-Louis Kulu, promettant de créer des problèmes à ceux qu’on surprendra.
Kuzamba Mbuangu