Kinshasa : une brigade citoyenne face aux abus sur les droits des congolais dans les entreprises des expatriés

Les travailleurs des indiens, chinois, libanais et autres en colère
Les travailleurs des indiens, chinois, libanais et autres en colère

À Kinshasa, une brigade citoyenne, baptisée Gardiens de la souveraineté congolaise, s’érige en rempart contre les conditions de travail jugées inhumaines que subissent des milliers de travailleurs congolais dans certaines entreprises à capitaux indiens, pakistanais, libanais et chinois.

Dans plusieurs secteurs d’activité, ces entreprises, souvent installées en périphérie urbaine ou dans des zones industrielles, sont pointées du doigt pour des pratiques abusives telles que horaires exténuants, salaires dérisoires, absence de contrats formels, et un climat de pression constante.

« On travaille plus de 10 heures par jour, sans assurance ni congé. Si on ose réclamer, on est remplacé sans préavis », témoigne un jeune ouvrier.

Face à cette situation dénoncée comme une “humiliation nationale”, la brigade citoyenne a lancé l’opération “Rendre la dignité aux Congolais”. Première action d’éclat, une descente inopinée vendredi dernier dans un centre médical tenu par des expatriés indiens, où plusieurs signalements d’abus avaient été rapportés.

« Nous avons interpellé les responsables de ce centre qui piétinent ouvertement le Code du travail congolais. Ils ont sept jours pour se mettre en conformité. Au-delà de ce délai, nous passerons à l'étape supérieure », a prévenu Fortifi Lushima, coordinateur national de l'ONG Urgences Panafricanistes et président de la brigade.

Dans un ton sans équivoque, il ajoute :

« Nous ne laisserons plus notre peuple être traité comme des esclaves modernes sur sa propre terre. Vous avez déjà accaparé nos richesses, vous ne nous volerez pas notre dignité ».

L’article 119 du Code du travail congolais prévoit une durée hebdomadaire maximale de 45 heures, soit 8 heures par jour. Pourtant, dans de nombreuses entreprises ciblées par les plaintes, les travailleurs déclarent effectuer jusqu’à 72 heures hebdomadaires, sans repos ni contrepartie.

Au-delà des horaires abusifs, c’est tout un système d’exploitation qui est mis en lumière avec des salaires en dessous du minimum légal, absence de sécurité sociale, pressions constantes et refus de syndicalisation.

Les actions de la brigade citoyenne interviennent dans un contexte de grogne sociale croissante, alors que de nombreux Congolais dénoncent l’impunité dont jouissent certains employeurs étrangers, souvent perçus comme étant au-dessus des lois locales. Pour les Gardiens de la souveraineté congolaise, il ne s’agit pas d’un combat xénophobe, mais d’un réveil nécessaire pour exiger le respect de la législation congolaise et des droits fondamentaux des travailleurs.

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James Mutuba