Le rapport de juin produit par le Kivu Security, un projet conjointement géré par le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) et Human Rights Watch (HRW) présente le territoire de Rutshuru comme le deuxième le plus touché par les violences armées au Nord-Kivu après Beni. Rutshuru est actuellement le bastion de nouveaux groupes armés qui ont vu le jour.
Il s’agit des groupes d’autodéfenses qui se sont constitués pour lutter contre les cas de kidnapping dans la région.
“Cette insécurité explique en partie l’émergence de nouveaux groupes armés dans cette zone, comme les « Amka Jeshi » (« armée réveille-toi » en swahili) vers Kinyandoni, une localité située à une quinzaine de kilomètres de la frontière avec l’Ouganda dans la chefferie de Bwisha. Ce groupe, majoritairement composé de jeunes Nande, s’est d’abord constitué, au mois de mars, en milice d’autodéfense pour lutter contre les kidnappings, très fréquents sur le territoire de Rutshuru. Le groupe a ensuite été formellement interdit par la police de Rutshuru, ce qui a provoqué leur transformation en groupe armé.”, dit le rapport de Kivu Security.
Le rapport note cependant une légère baisse d’incidents sécuritaires en juin dans le territoire de Rutshuru. Mais la milice « Amka Jeshi » a été impliquée dans deux incidents faisant deux victimes.
D’autres nouveaux groupes groupes armés sont créés par d’anciens miliciens qui s’étaient rendus en janvier 2019 suite à l’appel de Félix Tshisekedi mais qui ont regagné la brousse faute de prise en charge.
“Le groupe Nyatura Mamba a parallèlement émergé dans la région de Rugari. Il s’agit d’anciens membres du groupe Nyatura Niyonzima qui avaient décidé de se rendre à Goma en septembre 2019. Faute de prise en charge - comme souvent depuis l’arrivée de Félix Tshisekedi à la présidence, en janvier 2019 - ils ont regagné la zone de Rugari en janvier. Ils se sont à nouveau constitués en groupe par crainte de représailles de Niyonzima. La plupart de ces combattants sont issus du clan Rera de la communauté Hutu.”, explique Kivu Security.
Le territoire de Rutshuru, couvert en grande partie par le parc des Virunga est infesté également par les groupes armés étrangers dont les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) accusés des nombreux attaques et kidnappings. Entre avril 2017 et mars 2020, Human Rights Watch a dénombré 170 civils enlevés.