Human Rights Watch (HWR), organisation internationale de défense des droits de l'homme appelle à l'ouverture d'une enquête sur Kalev Mutond pour détention arbitraire et torture envers certains citoyens congolais sous le règne du président Joseph Kabila Kabange.
Interpellant l'actuel chef de l'État, Félix Tshisekedi, sur ce dossier, HWR rappelle que l’ancien chef des renseignements a orchestré la répression brutale menée par le gouvernement contre la dissidence politique lorsque le président de l'époque, Joseph Kabila, cherchait à briguer un troisième mandat à partir de décembre 2016 malgré la limite de deux mandats comme prévu par la constitution.
Sous le commandement de Kalev Mutond, l'agence de renseignements a arrêté des dizaines de militants des droits humains et pro-démocratie, ainsi que des membres de l'opposition, dont beaucoup ont été détenus sans inculpation ni accès à leurs familles ou à leurs avocats.
" Si le président Tshisekedi est réellement déterminé à lutter contre l'impunité, il doit veiller à ce que « Kalev » soit tenu responsable des nombreuses exactions graves qu'il a supervisées. Pour les victimes, la justice n'est pas négociable ", dit HWR dans une note rendue publique dimanche 16 octobre.
" Ces gens doivent savoir qu'il y a des conséquences pour les actes qu’ils posent ", a déclaré l'activiste et ancien détenu de l'ANR, Christopher Ngoyi, qui a déposé plainte en janvier 2021 pour « qu'à l’avenir, il n'y ait pas un autre Kalev Mutond ». Toute « solution à l'amiable n'aiderait pas le pays à aller de l'avant », a-t-il déclaré à Human Rights Watch.
Lorsque le président Félix Tshisekedi l’a démis de ses fonctions de directeur de l'ANR en mars 2019, les victimes pouvaient alors espérer que le haut-responsable jusque-là intouchable finisse par faire face à la justice.
" Or, depuis son retour à la fin du mois d’août, Kalev Mutond semble vivre à Kinshasa en tant qu’homme libre, suscitant des inquiétudes quant à la possibilité qu'un accord ait été conclu, lui permettant d'échapper aux poursuites ", déplore cette organisation de défense des droits de l'homme.
Les USA ont sanctionné Kalev Mutond en décembre 2016 pour avoir « entravé des processus démocratiques » et l'Union européenne l'a sanctionné à son tour en mai 2017 pour avoir « planifié, dirigé ou commis » de graves violations des droits humains.
Clément MUAMBA