Jean Bamanisa Saïdi a dressé un tableau sombre de la situation de la province de l’Ituri. Dans son message de vœux, l’ancien gouverneur est revenu sur les principaux maux qui rongent la province qu’il dirigeait avant l’instauration de l’état de siège.
« Il est regrettable que l'administration provinciale durant les 20 mois de l'État de Siège n'a pas été à mesure de répondre aux besoins des citoyens, que la Justice s'est éloignée des citoyens avant d'être recadrée par le Président de la République, que les services de recettes des douanes soient privatisés, provoquant des contre-performances de la Province et par conséquent une réduction d'allocation de la quotité des 40% due », s’est-il plaint.
De son côté, l’Espace Grande Orientale, regroupant les entités de l’ancienne province orientale, a aussi exigé que soit mis fin à l’état de siège, à la circulation incontrôlée sur ses territoires du Bas-Uélé et du Haut-Uélé, « des terroristes éleveurs nomades armés Mbororo » et que soit organisées des opérations militaires efficaces dans les zones en conflits. C’est quelques unes de recommandations contenues dans la déclaration de Kisangani au terme de trois jours d’échange sous la facilitation de Monseigneur Marcel Utembi Tapa, archevêque métropolitain de Kisangani et président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO).
Pour sa part, Jean Bamanisa, spécialiste en routes et bâtiments, est tout aussi amère en évoquant ce secteur: "Il est tout aussi regrettable que les routes provinciales et nationales qui étaient prises en charge avec des maigres moyens exclusivement locaux, soient abandonnés après avoir rompu tous les contrats de maintenance qui étaient pourtant à des prix très bas. A ce jour, il est devenu impossible pour les commerçants d'assurer les approvisionnements de certaines zones nécessiteuses ».
Il donne des exemples concrets: « Il est regrettable que le projet d'asphaltage de la voirie de Bunia qui devait se poursuivre à Mahagi, Aru et Komanda n'avance plus malgré la poursuite de perception de la taxe conventionnelle avec la FEC ».
Cet homme d’affaires et homme politique relève aussi le contraste entre le potentiel et la réalité de cette province: « Nous continuons de dire et de croire que la Province de l'Ituri mérite d'être la Petite Suisse, que la Paix doit régner, que nos campagnes verdoyantes doivent être les greniers des produits agricoles et animales, permettre des exploitations des ressources naturelles de façon durable et non prédatives ou mafieuses, que tous les ituriens doivent vivre heureux et tranquille ».
Plus généralement, il fait remarquer que « la Politique mal pratiquée affecte la solidarité nationale et est un vecteur de fragilisation de notre Nation ».
Ainsi, il demande à la population de s’enrôler massivement « pour que vous puissiez anéantir la médiocrité, que vous ne votiez plus ceux qui véhiculent la haine et la division, ceux qui trompent les populations pour leurs intérêts personnels ».