Assassinat de Chérubin Okende : “au-delà de l’émotion suscitée par cette tragédie, la nation doit se lever pour faire barrage aux discours incendiaires et anti républicains qui sapent les fondements de notre cohésion sociale” (Claudel Lubaya)

Claudel Lubaya
Claudel Lubaya

Après son enlèvement par des hommes armés, mercredi 12 juillet, le corps du porte-parole d’Ensemble a été retrouvé sans vie, criblé de balles, jeudi 13 juillet à bord de sa jeep devant le garage de Kinshasa, en diagonale de la direction générale de la Société Pétrolière du Congo (SEP Congo). Dans le flot de réactions que continue de susciter le meurtre du député national et ancien ministre des transports Chérubin Okende, son collègue député, Claudel Lubaya, appelle à aller au-delà de l’émotion en s’attaquant aux discours incendiaires et anti-républicains qui ont causé cette dérive.

“Au-delà de l’émotion suscitée par cette tragédie, la Nation doit se rassembler et se lever pour faire barrage aux discours incendiaires et anti-républicains qui sapent les fondements de notre cohésion sociale au nom de l’instinct de conservation ou de conquête du pouvoir. Dans ces heures de péril, où l’insécurité se répand dans les quartiers et atteint les milieux les plus protégés, j’en appelle à la responsabilité”, lance Claudel Lubaya.

Et d’ajouter : 

“Nous ne pouvons pas nous résoudre à abandonner le pays, par notre indifférence et nos ambitions personnelles, à la merci des hordes qui prennent le prétexte de la pré campagne, pour jeter le chaos. La gravité de la situation doit inspirer, à tous les responsables à tous les niveaux, une attitude de dignité, et de la mesure à ceux qui portent la lourde tâche d’exercer les fonctions de l’État. Au-delà des luttes politiques et des divergences d’approche, le sens de l’unité nationale et de la mesure doit guider notre comportement”.

L'élu de Kananga au Kasaï-Central fait appel au Président de la République, “à qui incombe de par son serment constitutionnel la responsabilité de garantir la cohésion nationale”, pour qu’il saisisse la portée de sa charge en ces temps troublés et prenne ses responsabilités pour desserrer l’étau du désaccord, éteindre les tensions, rassembler la Nation, dissiper les malentendus et apaiser les doutes. “Le contraire serait, sauf meilleur avis de sa part, non-assistance à Nation en danger”, ajoute Claudel Lubaya.

La crainte sur la sécurité est de mise. Une succession des faits à l’encontre des politiques de l’opposition laisse planer des doutes sur la suite. On peut dénombrer l’interdiction du Président d’Ensemble pour la République de se mouvoir dans les provinces du Kongo-Central et du Kwilu, l’enlèvement du député provincial Mike Mukebayi de son domicile, l’enlèvement du cadre d’Ensemble, Salomon Kalonda sur le tarmac de l’aéroport de N’djili ; la perquisition des résidences de Moïse Katumbi à Kinshasa, de Salomon Kalonda et de sa mère à Lubumbashi, l’arrestation de Franck Diongo, aussi réputé pour être proche de Katumbi.

Parmi les nombreuses réactions des corps politiques, diplomatiques et de la société civile, condamnant cet assassinat ; le parti politique Ensemble pour la République, auquel faisait partie Chérubin Okende, a dit toute sa consternation après avoir appris ce décès qu’il qualifie de crime d’Etat. Pour élucider les circonstances du meurtre de ce député national et ancien ministre des transports, le gouvernement congolais a annoncé une enquête “pluridisciplinaire” à laquelle seront associés des services étrangers.

En 2018, Chérubin Okende est élu député national de la circonscription de la Lukunga dans la ville de Kinshasa. En avril 2021, il est nommé Ministre des Transports, voies de Communication et de Désenclavement dans le Gouvernement Sama 1, avant de démissionner le 28 décembre 2022. Il est resté porte-parole d'Ensemble pour la République, parti d'opposition cher à Moïse Katumbi jusqu'à sa mort.

Emmanuel Kuzamba