L’actualité de la semaine vue par Médiatrice MENEMENE

Photo/ droits tiers
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De l’insécurité grandissante dans l’Est de la RDC au boycott de la RDC à la Conférence ministérielle de l’OIF en passant par les déclarations de l'ex-président Joseph Kabila, la semaine qui vient de s’achever a été riche en actualités. Retour sur chacun de ces faits marquants avec Médiatrice MENEMENE.

Merci de nous accorder de votre temps Madame. Pouvez-vous nous parler brièvement de vous ?

Médiatrice MENEMENE: Je suis ingénieure en environnement, diplômée de l’Université de Kinshasa. Originaire de l'Est de la République Démocratique du Congo, plus précisément de la ville de Bukavu dans la province du Sud-Kivu. Je vis à Kinshasa depuis quatre ans. Mon engagement professionnel se concentre sur l'économie verte, avec un accent particulier sur la promotion de pratiques durables et la sensibilisation à l'importance de la protection de notre environnement.

Depuis janvier, la Première Ministre Judith Suminwa a rapporté que plus de 7 000 personnes ont été tuées dans le conflit à l’Est. Quel est, selon vous, l'impact de cette violence sur la population locale et les perspectives de paix ?

Médiatrice MENEMENE: L'impact de la violence sur la population locale est dévastateur. En plus des pertes humaines (plus de 7 000 morts), la violence engendre des déplacements massifs, des traumatismes psychologiques, un manque d'accès aux soins de santé et aux services de base, ainsi que des perturbations économiques. Les enfants sont particulièrement vulnérables, souvent exposés à la violence et au manque d'éducation. Sur le long terme, cette instabilité pourrait compromettre les perspectives de développement et de paix durable.

La Première Ministre a aussi dénoncé les massacres imputés à l'invasion rwandaise et aux attaques des groupes armés comme le M23. Quelles solutions concrètes proposez-vous pour faire face à ces violations des droits humains et à la menace étrangère qui pèse sur la RDC?

Médiatrice MENEMENE: Face aux violations des droits humains, plusieurs solutions concrètes peuvent être envisagées, telles que l'établissement de tribunaux spécialisés pour traiter les crimes de guerre et les violations des droits humains. Pour y parvenir, il serait également nécessaire de créer des programmes de protection des victimes et encourager les dénonciations. Il est aussi nécessaire de gérer les menaces transfrontalières en engageant des discussions avec les pays voisins sur la sécurité régionale.

Vous avez suivi les déclarations de l'ex-président Joseph Kabila, qui a mis en cause son successeur pour la situation actuelle dans le pays. Quelle est votre lecture de cette déclaration ?

Médiatrice Menemene: À mon humble avis, le discours de l’ancien président et sénateur Joseph KABILA KABANGE est complexe et mêlé de faits avérés avec des accusations envers son successeur qui peuvent être interprétées comme une réponse aux multiples accusations similaires portées à son encontre par ce dernier. Bien que l’ancien président Kabila ait pointé du doigt la gestion du président actuel, le contexte politique en RDC et les défis hérités de l'administration précédente ont également un impact sur la situation actuelle. Dire que tous les problèmes sont le résultat des actions de son successeur peut être considéré comme une simplification.

La RDC a décidé de boycotter la Conférence ministérielle de l’OIF qui a été organisée à Kigali. À votre avis, est-ce une mesure efficace pour contraindre le Rwanda à revoir sa position sur la situation en RDC ?

Médiatrice Menemene: Sachant que les conférences comme celles de l’OIF sont souvent des plateformes cruciales pour établir des relations diplomatiques, échanger des idées et bâtir des coalitions, le boycott de la RDC peut être perçu à la fois comme un acte stratégique, une mesure symbolique pour dénoncer les actions du Rwanda. La clé résidera maintenant dans la manière dont la RDC choisira de quantifier les conséquences de ce boycott, car un boycott sans suivi diplomatique pourrait ne pas suffire à apporter un changement dans cette situation conflictuelle.

Le 29ème FESPACO s’est ouvert à Ouagadougou sous le thème « Cinéma d’Afrique et identités culturelles ». Que représente pour vous cet événement pour le cinéma africain en général et pour le Congo en particulier ?

Médiatrice Menemene: Pour l'Afrique en général et le Congo en particulier, le festival de cinéma panafricain est une plateforme essentielle pour faire entendre les voix artistiques et culturelles et aborder des questions sociales à travers le prisme du cinéma. Cela favorise également les échanges culturels et peut encourager l'investissement dans l'industrie cinématographique.

Le président de Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló, a annoncé l’organisation des élections présidentielles et législatives pour le 30 novembre. Toutefois, l’opposition, dirigée par Domingos Simões Pereira, estime que son mandat doit prendre fin le 27 février. Quel est votre point de vue sur la situation politique en Guinée-Bissau et les tensions qui en résultent ?

Mediatrice Menemene: Mettons l’accent sur ces coups d'État successifs ; ils ont laissé des séquelles durables sur la société. Malgré un système politique multipartite, les institutions restent souvent faibles et manquent de crédibilité. Ce manque de confiance dans les institutions gouvernementales a conduit à une gouvernance défaillante, avec des accusations fréquentes de corruption et de mauvaise gestion. Cela se manifeste notamment dans les relations entre le gouvernement d'Embaló et l'opposition dirigée par Domingos Simões Pereira. Ce dernier accuse le régime actuel de ne pas respecter les accords politiques et de tenter de consolider le pouvoir.

Comment la communauté internationale, et notamment l’Union Africaine, devrait-elle intervenir pour garantir la stabilité et la légitimité de ces élections ?

Mediatrice Menemene: L'Union Africaine, ainsi que d'autres acteurs internationaux, doivent jouer un rôle de médiation pour garantir la tenue des élections prévues le 30 novembre. Il est essentiel que ces élections soient transparentes et suivies de près afin que la population soit convaincue de la légitimité des résultats qui en découleront.

Un forum a réuni des responsables politiques, sécuritaires et de la société civile du Soudan du Sud à Juba, où des recommandations ont été faites concernant la prolongation de la période de transition, débutée en février 2025. Quelle importance accordez-vous à ce type de dialogue inclusif dans les processus de transition politique en Afrique ?

Médiatrice Menemene: Le Soudan du Sud est marqué par des conflits internes et des rivalités entre différentes factions politiques, notamment entre le président Salva Kiir et le leader de l'opposition Riek Machar. Ces rivalités ont entraîné des violences et des divisions profondes. Dans un climat politique aussi tendu, le dialogue inclusif est vital pour la paix à long terme et pour les processus de transition politique. Ce type de dialogue permet d'inclure toutes les voix, y compris celles des groupes marginalisés, favorisant ainsi une représentation plus équitable et évitant les ressentiments qui pourraient conduire à des violences.


Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka