Elections en RDC: Patrick Muyaya appelle l'opposition à la retenue et l'invite à user des possibilités de contestations prévues dans la loi

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Martin Fayulu en campagne

Le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, a appelé les candidats présidentiels de l'opposition à la retenue et au respect du jeu démocratique, tel que prévu dans les textes régissant le domaine des élections en République Démocratique du Congo. Lors d'un briefing de presse coanimé avec son collègue Peter Kazadi, le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya, qui appelle l'opposition au fair-play, estime qu'il n'est pas possible de contester les résultats des élections tant que les résultats finaux n'ont pas encore été publiés par les organes en charge des élections.

"Nous sommes dans un match, vous ne pouvez pas quitter le terrain tant que l'arbitre n'a pas sifflé la fin du match, c'est aussi ça le fair-play. Vous ne pouvez pas contester les résultats des élections alors que les résultats en question ne sont pas encore connus. Sur quelle base allez-vous contester ? La contestation, c'est pour cela qu'on parle des contentieux, vous pouvez venir le moment venu opposer vos résultats si vous estimez que les résultats qui sont sortis ne sont pas conformes. Ici, il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs, encore que les possibilités de contestations sont prévues dans la loi. Je salue la prise de position des différentes chancelleries qui appelaient les uns et les autres à la retenue et à suivre le déroulé de la publication des résultats", a déclaré Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement, devant la presse mardi 26 décembre 2023.

Revenant sur ses précédentes interventions, le porte-parole du gouvernement affirme que la position actuelle de l'opposition démontre "ce qui a toujours été dit". Il se réjouit du fait que ce processus a répondu à un bon nombre des préoccupations des acteurs politiques.

"Nous n'avions pas arrêté de vous alerter ici que beaucoup préparaient plutôt la contestation que les élections. Nous sommes dans un processus, et c'est pour cela qu'il est important que vous tous puissiez regarder la différence que ce processus a par rapport aux précédents. Moi, j'étais membre du G13, nous avions milité pour la publication des résultats bureau de vote par bureau de vote, est-ce que la CENI le fait ou elle ne le fait pas ? Il ne faudrait quand même pas qu'on nous autoflagelle. Ici, c'est la République Démocratique du Congo sans nous regarder d'un camp à l'autre", a fait remarquer Patrick Muyaya.

Et de poursuivre :

"Évidemment, il y avait des difficultés parce que ce sont cent mille candidats, les Congolais ont fait preuve de beaucoup de patience. Les gens auraient voulu que les gens se battent devant les bureaux de vote. Vous étiez avec nous ici à Kinshasa, combien d'incidents on a noté par rapport aux millions de Congolais qui s'étaient mobilisés ? Il faut que les uns et les autres, les opposants ou les autres candidats, considèrent que nous devons finir le processus jusqu'à la proclamation des résultats provisoires. Le moment venu, s'ils veulent recourir ou contester, qu'ils contestent suivant les voies légales."

Ce processus électoral est vivement critiqué du côté de l'opposition. Cette catégorie de la classe politique congolaise déplore les irrégularités et les ratés enregistrés le jour du vote, mais aussi la prolongation du jour de vote au-delà du 20 décembre, qui selon eux, favorise la tricherie au profit du candidat à sa propre succession, Félix Tshisekedi. Selon les données partielles actualisées de la Commission Électorale Nationale Indépendante, Félix Tshisekedi a devancé ses adversaires politiques.

Ces résultats sont rejetés du côté de l'opposition depuis le début de leur publication par la Commission Électorale Nationale Indépendante. Le camp de Katumbi Chapwe et ses alliés vient de rejoindre la position d'un autre groupe de l'opposition composé de Martin Fayulu Madidi, Denis Mukwege Mukengere et d'autres candidats à la Présidence de la République, qui ont appelé aussi à l'annulation de ces élections avec une nouvelle CENI recomposée.

Une manifestation de l'opposition est annoncée déjà ce mercredi 27 décembre pour contester contre les résultats de la Commission Électorale Nationale Indépendante, et l'autorité urbaine a refusé d'autoriser cette marche, mais les organisateurs maintiennent leur marche. Clément MUAMBA