Depuis le 20 janvier, la République démocratique du Congo écrit un nouveau chapitre de sa gouvernance. Rideau tiré sur la controverse relative à la fin ou la persistance de la crise de légitimité des animateurs des institutions nationales. Peu importe ! Félix Tshisekedi, investi pour son deuxième (et dernier ?) mandat à la tête de la RDC, a largement les coudées franches pour révéler en actes à ses compatriotes et au monde sa véritable vision du pays aux complexes enjeux géopolitiques et défis géostratégiques.
Qu’a-t-il principalement annoncé dans son discours inaugural des cinq prochaines années ? Créer plus d’emplois, protéger le pouvoir d’achat des ménages, assurer avec beaucoup plus d’efficacité la sécurité de nos populations, de notre territoire, de nos biens ainsi que la préservation de nos intérêts, poursuivre la diversification de notre économie et accroître sa compétitivité, garantir plus d’accès aux services de base. A cela s’ajoute trois « initiatives présidentielles », à savoir : le désenclavement de nos territoires, le développement des chaînes de valeurs, l’assainissement de nos villes.
Pour soutenir ces promesses, très peu d’indications chiffrées dont l’utilité est pourtant de rendre aisés le contrôle citoyen et l’évaluation rigoureuse de l’impact des actions concrètes et palpables à mener. C’est gravé dans plusieurs mémoires, le très subtil mea culpa du Chef de l’Etat qui, pour avoir tiré « les leçons du passé », a donné le ton : « (…) je m’engage à user de tout ce qui est en mon pouvoir pour que les erreurs du passé ne se reproduisent plus ». Lesquelles ? Quoiqu’un secret de polichinelle, les épingler n’en aurait pas été superflu. Tant cela aurait permis à chaque citoyen de faire le suivi du changement à constater.
De Sermons d’Augustin d'Hippon, que d’aucuns appellent religieusement Saint Augustin, une célébrissime citation : « Errare humanum est, perseverare diabolicum ». A la prière d’avant prestation de serment du Chef de l’Etat, Roland Dalo, que des initiés pointent comme étant le pasteur de Félix Tshisekedi, des mots contextuellement forts de café sous les tropiques congolaises : « nous sommes fatigués de voleurs » !
Un des changements les plus attendus est certainement la rigueur dans des castings des collaborateurs du Président de la République. Quoi de plus normal que de choisir parmi les siens que l’on connait et dont on a la preuve de la volonté de bien faire. Mais lorsque la compétence peine à convaincre, il est préférable d’élargir le cadre de sélection dans ce Congo aux innombrables intelligences à dénicher et capitaliser en mettant l’excellence au cœur de la gouvernance à tous les niveaux. Telle une voie d’or pour « bâtir un pays plus beau qu’avant ».
C’est ainsi prêcher en acte le patriotisme auquel le Président de la République a convié tous les siens du Congo. Car, comme l’affirme avec raison Jules-Paul Tardivel dans « Pour la patrie », « Le vrai patriote s'inquiète, non du poste qu'il doit occuper dans la patrie, mais du rang que la patrie doit atteindre parmi les nations. » Ceci requiert du sacrifice de tous, du plus grand au plus petit, ainsi que de la promotion de l’épanouissement de chaque citoyen.
Par ailleurs, en vue d’imposer le respect de tous pour la chose publique, la lutte contre l’impunité devrait constituer un pilier de cette gouvernance de l’Etat. Une culture faisant presque défaut dans ce pays jadis considéré par Léopold II comme sa propriété privée. Cette conception de « l’Etat, un bien sans maître » léguée de générations en générations a fait perdre aux peuples le sens commun. Le vol, le détournement, la corruption … ne souillent plus ou presque la réputation de leurs auteurs. Bien au contraire !
Le Président de la République, dont la bonhommie ne fait l’ombre d’aucun doute, entre davantage dans le Temps de ce pays. Il a la latitude de redresser la RD. Congo. Le contraire, à ne pas exclure, n’est pas non plus à souhaiter. La vérité s’écrit dès le 20 janvier. Le compte à rebours ayant commencé.
Tini Lembis (PhD)