RDC: Human Rights Watch appelle Félix Tshisekedi à placer les droits humains au cœur de sa politique au cours de son deuxième mandat

Militaires et policiers déployés pour réprimer la marche de l'opposition à Kinshasa
Militaires et policiers déployés pour réprimer la marche de l'opposition à Kinshasa

Alors que le président de la République congolais, Félix Tshisekedi, a entamé son second mandat à la tête du pays, l’organisation non gouvernementale internationale Human Rights Watch l’appelle à privilégier les droits humains au cœur de sa politique. Cela, au regard de nombreux faits d’arrestations des journalistes, politiciens, membres de la société civile, etc enregistrés pendant le premier mandat.

HRW propose à Tshisekedi une feuille de route pour aider son gouvernement à atteindre cette fin. L’ONG place pour ce faire, la priorité aux améliorations dans cinq domaines clés : les droits à la liberté d’expression, à la liberté des médias et le droit de réunion pacifique ; la protection des civils dans les zones de conflit ; la réforme du système judiciaire et la lutte contre la corruption ; l’obligation de rendre des comptes pour les crimes graves ; et le renforcement des institutions démocratiques.

“ L’impunité généralisée pour les graves exactions reste la norme. Le président devrait s’engager à prendre des mesures concrètes pour mettre fin aux cycles récurrents de violence alimentés par l’absence de responsabilité pénale pour les crimes graves. Des mesures concrètes sont également nécessaires pour restaurer la confiance du peuple congolais dans les institutions démocratiques ”, dit HRW dans un communiqué. 

Ces recommandations arrivent non sans ignorer d’autres défis sociaux et sécuritaires auxquels est confrontée la RDC. HRW note la recrudescence de la violence dans la province du Nord-Kivu où une offensive menée par le M23, le groupe armé responsable d’extractions et soutenu par le Rwanda, a affecté les civils ; la violence également dans la province de l'Ituri où les milices ont multiplié les attaques et les tueries de civils ; l’insécurité à l’intérieur et autour de la province du Mai-Ndombe et entre les communautés dans la région du Katanga.

La feuille de route propose pour le respect et la protection des droits à la liberté d’expression, des médias, et de réunion pacifique, d’ordonner aux forces et agences de sécurité, en particulier à l’Agence nationale de renseignement (ANR), de cesser de menacer, d’intimider et d’arrêter arbitrairement et placer en détention des membres de l’opposition, des journalistes et des activistes qui critiquent les responsables ou la politique du gouvernement.

Aussi d’abroger les lois pénales sur la diffamation, conformément à l’appel lancé en 2010 par la CADHP dans sa résolution 169, qui souligne que “les lois pénalisant la diffamation constituent une grave entrave à liberté d’expression et compromettent le rôle de contrôle des médias” et réformer le code du numérique, qui criminalise le partage de “fausses informations”

Pour la protection des civils en zones de conflit, HRW recommande de mettre immédiatement fin au soutien et à la collaboration avec les groupes armés responsables d’exactions qui forment la coalition Wazalendo, et avec les FDLR, dans le cadre de la lutte contre le groupe armé M23. Dans la réforme du système judiciaire et la lutte contre la corruption, l’ONG recommande de libérer sans inculpation les personnes détenues qui n’ont été reconnues coupables d’aucun crime ou qui attendent leur procès en détention préventive au-delà des délais prévus par la loi.

HRW recommande aussi de donner la priorité à l’obligation de rendre des comptes pour les crimes graves en mettant en place un mécanisme formel de contrôle (vetting) afin d’identifier et de démettre provisoirement de leurs fonctions les membres des forces de sécurité et autres responsables du pouvoir exécutif suspectés d’être impliqués dans de graves violations des droits humains, indépendamment de leur rang, pendant que la justice étudie leur cas.

Kuzamba Mbuangu