L’ancien Président Kenyan, Uhuru Kenyatta, facilitateur du processus de Nairobi qui a pour but de trouver une solution durable et la désescalade des violences dans l’Est de la RDC, a présenté son rapport actualisé de la situation aux secrétariats de l’Union Africaine (UA), de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC).
Alors que de violents combats ont fait environ 3 000 décès en moins d’une semaine à Goma et l’avancée des rebelles M23/AFC qui devient inquiétante, les processus de Nairobi ainsi que celui de Luanda s’avèrent des solutions africains à ce problème africain, selon Uhuru Kenyatta.
« Le Facilitateur est convaincu que les processus de Luanda et de Nairobi offrent la meilleure opportunité de résolution et de sortie de crise dans l’est de la RDC. Ces deux initiatives sont complémentaires et interdépendantes. Seule une coordination étroite entre les négociations bilatérales entre le Rwanda et la RDC et le Dialogue Intra-Congolais permettra d’aboutir à une solution durable », peut-on dans un communiqué de presse.
C’est dans un contexte de l’avancée des groupes rebelles dont le M23 qui fait la loi dans plusieurs localités, cités et ville notamment Goma, dans l’est de la RDC, défiant les forces armées congolaises et causant des torts incalculables dans la population. Le M23 uni au mouvement Alliance Fleuve Congo (AFC) de Corneille Nangaa, poursuit la conquête des territoires congolais ces derniers jours dont les touts derniers sont Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu et les cités de Minova, Nyabibwe, ainsi que plusieurs autres localités dans le Sud-Kivu.
« Il existe une solution africaine à ce problème africain, fondée sur la nécessité de ramener la RDC et le Rwanda à la table des négociations, tout en assurant un processus de dialogue interne structuré pour conduire la RDC sur le chemin de la paix ».
Uhuru Kenyatta avait déjà présenté un rapport sur l'état d'avancement du Processus de Nairobi lors du 24ème Sommet Ordinaire des Chefs d'État de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC), le 30 novembre 2024. Cette mise à jour sera au centre des discussions lors du Sommet conjoint de la Communauté de Développement de l'Afrique Australe (SADC) et de l'EAC, prévu à Dar es Salaam ces 7 et 8 février 2025, ainsi que lors de la 37ème Session Ordinaire de l'Union Africaine prévu également en ce mois de février.
Lancé en 2021/2022 sous l'égide de la Communauté d'Afrique de l'Est, le Processus de Nairobi vise à rétablir la paix et la stabilité en RDC à travers deux piliers principaux. D’un côté un dialogue politique, impliquant groupes armés, factions politiques, société civile et partenaires régionaux dans des discussions inclusives pour une résolution durable du conflit. De l’autre, une intervention militaire, avec le déploiement de la Force Régionale de la Communauté d'Afrique de l'Est (EACRF), chargée d'assurer la stabilisation sur le terrain.
Jusqu'en juin 2023, des progrès notables ont été enregistrés grâce aux efforts diplomatiques du facilitateur Kenyatta. Parmi les réalisations, il y a notamment, des pourparlers avec les groupes armés dont le M23 ; des actions de renforcement de la confiance avec des organisations civiles et féminines ; l'organisation de sommets pour désamorcer les tensions et favoriser la stabilisation.
Cependant, la 4ème Conférence du Dialogue Intra-Congolais, prévue en juin 2023, a été compromise par les préparatifs pour les élections nationales congolaises de décembre 2023, freinant le processus. La crise s'est aggravée avec le retrait des forces kényanes de l'EACRF, affaiblissant la coopération militaire et permettant une résurgence des combats.
Depuis la formation du nouveau gouvernement congolais en 2024, la relance du Processus de Nairobi s'avère complexe. L'absence de dynamique politique et la recrudescence des violences au Nord-Kivu et au Sud-Kivu ont permis au M23 de reprendre des positions stratégiques, dont Goma, ravivant les hostilités dans la région.
Kuzamba Mbuangu