RDC : l'actualité de la semaine vue par Mamie Ndaya

Photo/ Droits tiers
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De l'actualité minière au Sud-Kivu, à la pollution des rivières à Tshikapa dans le Kasaï en passant par la mise en garde de l'usage de faux dans le dossier des postes réservés aux candidatures féminines dans la désignation des membres de la CENI, la semaine qui s'achève a été riche en évènements.  Avocate près le Tribunal de Grande Instance de Kipushi dans le Haut-Katanga, membre du Cadre de concertation de la Société civile, Team leader de la thématique Armée et Police et membre de la plateforme RRN (Réseau ressources naturelles), Mamie Ndaya passe en revue ces faits marquants.

Bonjour Madame Mamie Ndaya et merci de nous accorder de votre temps. Alors que le 20 août dernier, le gouverneur  du Sud-Kivu avait suspendu les activités de 6 entreprises minières chinoises et  trois coopératives partenaires, la ministre des mines, Antoinette N’samba s'est opposée à la décision du gouverneur. Que pensez-vous de cette position de la ministre N’samba ?

Mamie Ndaya :   la ministre a fait savoir que des inspecteurs procéderont à une descente sur terrain. Je pense que si réellement les activités minières des entreprises chinoises s'avèrent illicites, les sanctions doivent suivre.La question qui mérite d'être posée en ce moment concerne l'auteur des sanctions. Qui va devoir sanctionner ? Pour quelle durée ? Les autorités devraient avoir une seule option, celle de faire bénéficier à la population des richesses dont regorgent le sous-sol congolais. C'est l'une des solutions efficaces contre les différents problèmes qui surviennent en matière d'exploitation des minerais.

Que faudrait-il pour mettre fin à l’exploitation illicite des minerais en RDC et pour limiter les impacts des produits chimiques sur la population ?

Mamie Ndaya : il faut une bonne réglementation dans le secteur de l'artisanat minier @. Nous avons un Code minier, il doit être de stricte application. Cela est très important. Les services compétents doivent aussi régulièrement effectuer le contrôle des espaces octroyés aux opérateurs miniers. Cela permettra d'évaluer et prévenir les dégâts au sein des communautés.

La pollution des rivières Tshikapa et Kasaï a eu pour impacts plus de 4000 cas de diarrhées, une soixantaine de lésions génitales parmi les femmes et au moins 12 morts. Le gouvernement a résolu d’appliquer le principe du pollueur-payeur. Que pensez-vous de cette décision ? 

Mamie Ndaya : je pense que le gouvernement a pris une bonne résolution. Cependant, il ne faudrait pas que ce principe soit un simple slogan. Tous les mécanismes doivent être mis en place pour que les populations riveraines soient bénéficiaires du principe pollueur-payeur.

Que faire pour prévenir ce genre de catastrophes à l’avenir ? 

Mamie Ndaya : à l'avenir, il faudra mener des études approfondies sur les espaces miniers et  leurs effets sur l'environnement. Il faudra prévenir les dégâts, agir en amont. On se rappellera de l'éruption volcanique du Nyiragongo. Le service volcanologique aurait pu avertir la population pour que des mesures soient prises.

Mercredi 01 septembre, un convoi sécurisé a été attaqué sur la RN 4. L’attaque a fait quatre morts, 18 véhicules incendiés, plusieurs dizaines de personnes portées disparues et 60 civils pris comme otages ont par la suite été libérés par l’armée. Selon vous, que faire pour éviter que de tels drames se répètent?

Mamie Ndaya : ce tronçon doit faire l'objet d'une attention particulière de la part des autorités. C'est triste de voir que des concitoyens sont tués et pris en otage à travers ces embuscades. Il faudra également renforcer la sécurité lors de la traversée.

Dans le cadre de l’Etat de siège, l’armée a annoncé jeudi 2 septembre à Bunia, le déploiement pour bientôt, d’une brigade canine (des chiens) pour « donner un tonus » aux troupes qui mènent les opérations contre les combattants des Forces démocratiques alliées (ADF) dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Quelles sont vos attentes par rapport à cette opération ? 

Mamie Ndaya : l'éradication de l'insécurité, le retour de la paix à l'Est de la RDC, est le voeu de tout Congolais. Les autorités devraient recourir à tous les mécanismes qui permettent à ce que la paix soit réelle dans ces territoires. Nous nous attendons à voir l'impact de ces troupes sur le terrain. La paix demeure le socle pour le développement de toute communauté. 

S'agissant de la désignation des membres de la CENI, deux organisations ont alerté sur l’usage du faux dans les dossiers des candidatures pour le poste réservé aux organisations féminines de la défense des droits des femmes. Jointe par ACTUALITE.CD, la candidate citée a rejeté ces allégations et présenté des preuves. Quelle devrait être la réaction de la Commission paritaire de l’Assemblée Nationale sur cette question ?  

Mamie Ndaya : celui qui atteste qu'un document est faux doit brandir le vrai. Si la candidate concernée a présenté des éléments contraires aux allégations portées contre elle, je pense qu'il y'a des voies pour résoudre ce problème. Et la Commission devrait s'y atteler.

La Commission indépendante d’examen des allégations d'exploitation et d'abus sexuels commis au cours de la riposte à la 10ème flambée de la maladie à virus Ébola dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri a annoncé pour le 28 Septembre, la publication de son rapport. Quelle attitude devrait adopter le gouvernement congolais après cette publication ? 

Mamie Ndaya : ces résultats devraient être amenés et présentés auprès du gouvernement. A son tour, le gouvernement, à travers des ministères clés ( Santé publique, Genre, Justice, Droits Humains), devrait prendre les dispositions appropriées. Les victimes sont des femmes congolaises, donc les autorités devront prendre des dispositions fortes.

Après le décès de l’homme politique Antoine Gabriel Kyungu wa Kumwanza, son parti, l’UNADEF a annoncé l’élévation d’un mausolée dans sa propre concession située sur la route Kasenga, dans la ville de Lubumbashi. Que retenez-vous de lui ?

Mamie Ndaya : "Baba", voilà l'identification que je retiens de Kyungu wa Kumwanza. Il fût un père qui a su apaiser les tensions politiques. Construire un mausolée en son honneur est une bonne chose.

En ce qui concerne les informations culturelles, la première édition du Festival Panafricain de Kinshasa (FESPAKIN) a été lancée le mardi 31 août, au Musée National de la RDC, par la ministre Catherine Kathungu Furaha. Sachant qu’il a existé à l’époque le Festival de Gungu, Ngomwo Africa, qui ont disparu, qu’est-ce qu’il faudra faire pour pérenniser cette initiative ? 

Mamie Ndaya : pour pérenniser une initiative il faut faire converger les intérêts.Il faut penser CONGO et pas tribu. La diversité est une richesse.  Unissons nos différences pour faire avancer le Congo.

Propos recueillis par Prisca Lokale