La commission parlementaire spéciale en charge du "passé colonial" effectue une visite de travail de 9 jours en République Démocratique du Congo, Rwanda et Burundi. Cette délégation de 9 personnes conduite par Wouter De Vriendt, Président de la commission a été reçue, jeudi 01 septembre 2022 par le Premier vice-président du Sénat, Eddy Mundela Kanku.
Au coeur des échanges, le passé colonial entre la Belgique et la République Démocratique du Congo. Bien qu'émaillé par un passé douloureux aux conséquences fâcheuses, l'heure est à la restauration des relations entre les deux pays qui passe notamment par la réconciliation et la réparation, la lutte contre la discrimination et les stéréotypes du passé colonial mais aussi la restitution des biens culturels, les archives sans oublier la problématique liée à l'accessibilité de ces archives. À travers cette démarche, les deux pays compte promouvoir la connaissance du passé colonial commun et ainsi construire des nouvelles relations au regard du passé délicat et douloureux.
"On est venu ici de la Belgique afin de discuter le passé colonial et d'avoir un dialogue ouvert les congolais, le premier concerné, c'est un débat qui vit en Belgique, on a une responsabilité morale vis-à-vis de votre pays donc l'objectif de notre mission c'est de voir ensemble comment est ce qu'on peut reconnaître ce passé colonial ? Comment est-ce qu'on peut construire une nouvelle relation entre nos deux pays", a déclaré devant la presse Wouter De Vriendt, président de la commission après échange avec Eddy Mundela Kanku.
Dans le même registre, il a évoqué également quelques avancées déjà enregistrées dans le cadre de la décolonisation entre la Belgique et la RDC.
"Il y a un progrès qui s'était fait donc le processus de décolonisation s'avance et c'est urgent, c'est nécessaire à nous encore de découvrir autres possibilités pour promouvoir la décolonisation du musée, je crois aussi qu'une collaboration entre la Belgique et le Congo en ce qui concerne la collaboration scientifique entre les musées ça c'est en cours dans doute il y a encore des moyens, des possibilités pour renforcer cette collaboration. Je pense que l'histoire et le discours a changé, heureusement avant le musée était vraiment un musée de la colonisation, heureusement les esprits ont évolué, la décolonisation est en cours ça veut dire que un nouveau récit, un nouveau discours est entrain de s'écrire"a-t-il ajouté.
Du côté de la chambre haute du parlement, Eddy Mundela a fait savoir à ses hôtes l'appropriation de cette question du passé colonial par le législateur qui va être traité en toute urgence. Cette séance de travail a connu également la participation du deuxième vice président du sénat Sanguma Mossai et celle de l'ambassadeur de la Belgique en République Démocratique du Congo.
Dans le même registre, la délégation belge a été également reçue par Christophe Lutundula, VPM, ministre des Affaires Étrangères. Ils ont également échangé avec les historiens congolais notamment le professeur Isidore Ndaywel et Pamphile Mabiala.
La Commission doit faire la clarté sur l’État indépendant du Congo (1885-1908) et sur le passé colonial de la Belgique au Congo (1908-1960), au Rwanda et au Burundi (1919-1962), et en tirer des enseignements pour l’avenir. La Commission est également chargée d’examiner le rôle et l’impact structurel que l’État belge, les autorités belges et les acteurs non étatiques (comme par exemple la monarchie, l’Église, et les exploitants des économies coloniales) ont eu sur l’État indépendant du Congo et sur le Congo belge, le Rwanda et le Burundi.
Le travail de recherche historique porte aussi sur l’examen de l’impact économique de la colonisation sur la Belgique et les pays colonisés. La commission sera chargée de formuler des recommandations sur la manière d’aborder le passé au travers de souvenirs communs et d’élaborer des propositions pour la réconciliation entre les Belges (y compris les Belges d’origine congolaise, rwandaise et burundaise), et d’« optimaliser les relations » entre les Belges et les ressortissants de ces trois pays.
L'arrivée de cette commission Belge intervient quelques semaines après le séjour du Roi Belge en République Démocratique du Congo.