Les députés s’apprêtent à reprendre le chemin de l’hémicycle dès ce samedi 15 mars. Cette rentrée parlementaire après des vacances parlementaires interceptées par deux sessions extraordinaires. L’une, pour la désignation d’un juge constitutionnel pour le compte du Parlement. L’autre, convoquée sur demande du président de la République pour lui proposer des stratégies politiques et diplomatiques devant contribuer à la résolution de la crise sécuritaire qui s’est aggravée dans la partie Est du pays avec notamment la prise de Goma et Bukavu par les rebelles de l’AFC-M23 appuyés par le Rwanda.
La crise sécuritaire, priorité des priorités
Les députés vont se pencher davantage sur la situation sécuritaire. Depuis leur départ en vacances, plusieurs localités des provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu et les deux principales villes : Goma et Bukavu sont passées sous le contrôle des rebelles de l’AFC-M23 appuyés le Rwanda.
Leurs vacances ont été interceptées par deux sessions extraordinaires dont l’une portée essentiellement sur des questions sécuritaires. Quelques jours plus tard, la commission Défense et sécurité a encore convoqué pour audition, les membres du gouvernement pour en savoir un peu plus sur l’évolution de la situation sur terrain. Les membres de l’équipe Suminwa auditionnés sont : Jacquemain Shabani, Vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, Aimé Boji Sangara, ministre d’État en charge du Budget, Guy Kabombo Mwadianvita, ministre de la Défense et Thérèse Kayikwamba, ministre des Affaires étrangères.
Une semaine plus tard, la commission Économique, financière et contrôle budgétaire (Écofin) a entamé le même exercice avec notamment le ministre d’État en charge du Budget et celui des Finances.
Avec l’évolution de la situation sur terrain, les députés feront de cette question plus qu'une priorité.
Une situation humanitaire catastrophique
La situation sécuritaire dégradante a eu un impact sérieux sur la situation humanitaire. Des millions de déplacés internes en manquent de tout et de rien.
Des milliers des morts et blessés internes lors des affrontements entre les FARDC appuyés par les Wazalendo et l’AFC-M23 soutenus par le Rwanda lors de la prise de la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Pour le Congo, plus de 21 millions de Congolais sont affectés par des crises multiples, notamment des conflits armés, des catastrophes naturelles et différentes épidémies, d’après le Gouvernement congolais et les Nations unies. Ils parlent même d’une polycrise multidimensionnelle d’une « ampleur inédite » qui combine trois éléments déstabilisateurs majeurs, à savoir la spirale de violence qui s’étend de l’Ituri au Tanganyika et la présence du M23 en autorité de facto dans des zones clés du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, où les besoins humanitaires sont très importants.
Tout ceci arrive dans un contexte où les USA ont suspendu une bonne partie de l’aide humanitaire. L’USAID, l’agence principale par laquelle passait l’aide humanitaire des USA a été fermée dès la prise des fonctions de Donald Trump comme président des États-Unis d’Amérique.
Les États-Unis ont été le principal contributeur à l’aide humanitaire en RDC. En 2024, ils ont couvert à eux seuls 70% des fonds mobilisés.
Le gouvernement de la République Démocratique du Congo et les Nations-Unies ont lancé à Kinshasa le Plan de réponse humanitaire 2025, d’un montant de 2,54 milliards de dollars pour venir en aide à 11 millions de personnes.
Les députés poussent le Gouvernement à mobiliser plus de ressources pour résoudre cette situation. Ils doivent aussi par la diplomatie parlementaire, plaider pour que le pays ait des moyens supplémentaires pour cette crise.
La réduction du train de vie des Institutions
Les parlementaires devraient aussi au cours de cette session, se pencher sur la question de la réduction du train de vie des institutions. Ceci permettrait de mettre suffisamment de moyens à l’armée congolaise pour lui permettre de défendre valablement l’intégrité du territoire national. Le parlement avait déjà adopté le budget 2025 en décembre 2024. Pour parvenir à réajuster celui-ci pour recentrer davantage les moyens sur la défense du territoire, il faut que le Gouvernement dépose un projet de loi de finances rectificative 2025. Lors de l’examen de celui-ci, les élus du peuple pourraient alors veiller à ce que les dépenses excessives des institutions soient extirpées du budget.
Un contrôle parlementaire plus accentué
Les parlementaires doivent prendre au sérieux l’ampleur de la crise multidimensionnelle que traverse le pays. Ils doivent pousser leurs bureaux respectifs à faciliter davantage le contrôle parlementaire. Ces derniers reviennent de vacances parlementaires. Ils ont reçu beaucoup de doléances de leurs bases respectives et certaines nécessitent juste un contrôle parlementaire efficace. Pour y arriver, chacun des acteurs doit jouer sa partition.
Gestion financière de l’Assemblée nationale pour l’exercice 2024
Les bureaux de deux chambres ont géré le fonds de l’Assemblée nationale et du Sénat de l’exercice 2024. Il doit rendre compte de la gestion à la plénière sur ce qu’a été cette gestion. Une commission sera mise en place dans les 15 jours qui suivront l’ouverture de la session ordinaire et rendra les conclusions du travail à la plénière pour approbation. A défaut par le bureau de procédé ainsi, il sera réputé démissionnaire.
Examen des rapports des institution d’appui à la démocratie pour l’exercice 2024
A cette session de mars, les Institutions d’appui à la démocratie : la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), la Commission nationale électorale indépendante (CENI), le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC),... doivent déposer leurs rapports d’activités de l’exercice 2024. Les parlementaires doivent débattre de ces différents rapports et les approuvent le cas échéant.
La session ordinaire de mars qui s’ouvre va se clôturer le 15 juin 2025. Pendant cette session, les élus devront aussi adopter les différents textes de loi, approuver les conclusions de la synthèse de leurs rapports de vacances parlementaires.