Après échec des médiations entreprises par la sous-région et des mesures annoncées afin de taire les armes dans l'est de la RDC, en proie à la rébellion de l'AFC/M23 soutenu par le Rwanda, Luanda a annoncé un dialogue direct, dès le 18 mars prochain, entre Kinshasa et le M23. L'observatoire de la dépendance publique (ODEP) s'y oppose.
La structure que dirige le professeur Florimond Muteba a publié un communiqué dans lequel elle considère que la présence de Félix Tshisekedi à ces discussions programmées à Luanda, en Angola, donnera une impression d'aveu de faiblesse, tout en sapant l'image du pays sur le plan diplomatique.
« Dans le contexte actuel, la participation du président de la République aux discussions de Luanda risque d’être perçue comme un aveu de faiblesse, compromettant davantage la position du pays sur la scène diplomatique. Toute initiative de dialogue doit se faire dans un cadre qui préserve les intérêts fondamentaux de la RDC et garantisse sa souveraineté », écrit l'ODEP.
Dans la foulée, cette ONG de la société civile annonce, pour une date non encore connue, l'organisation d'une marche pacifique pour mobiliser les Congolais à affirmer le rejet catégorique de toute tentative de soumission ou d’asservissement du pays. Elle annonce, en outre, ce qu'elle qualifie de mobilisation symbolique à Kinshasa, pour empêcher le chef de l'État à ne pas participer aux convocations de Luanda.
« Une mobilisation symbolique sur le Boulevard Lumumba, partant du monument de l’Héros National à Limete jusqu’à l’aéroport international de N’djili, viserait à exprimer clairement la volonté du peuple congolais : empêcher le Président Félix Tshisekedi de répondre à ces convocations, car la nation refuse toute décision contraire à ses intérêts fondamentaux », explique l'ODEP, chargeant l'opposition congolaise pour sa fragmentation qui empêche de parler d'une seule voix face aux défis qui menacent l'unité nationale.
Mais Kinshasa, lui, n'a pas encore répondu à cet appel de pied du facilitateur du processus de Luanda, le président Lourenço. Le gouvernement de Félix insiste obstinément sur le cadre établi par la dernière résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la situation dans l’est du pays, mais aussi les résolutions du sommet de Dar es Salam.
« Si cela devait se faire, ça doit être dans le cadre de la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies qui nous renvoie aux deux processus de Luanda et Nairobi, il y a également les conclusions du sommet de Dar es Salaam qui proposent que tout se passe dans le cadre de deux processus, politique à Luanda avec le Rwanda et Nairobi avec les groupes armés. C’est dans ce cadre-là que nous estimons que le M23 devrait faire partie », a expliqué la porte-parole du président de la République, Tina Salama.
La résolution 2773 du Conseil de sécurité, obtenue à l'issue de la dernière réunion mi-février, exige notamment le retrait des troupes de la rébellion et celles du Rwanda des zones occupées dans l’est du pays. Par elle, le conseil de sécurité de l'ONU a condamné pour la première fois le Rwanda pour son soutien dans la rébellion au Nord-Kivu et Sud-Kivu, clairement établi par les récents rapports d'experts des Nations Unies.
Samyr LUKOMBO