La RDC durcit le ton face à l’exportation illégale de ses minerais par le M23 soutenu par le Rwanda. Lors du conseil des ministres de ce vendredi, le ministre des Mines, Kizito Pakabomba, a annoncé une série de mesures visant à entraver ce commerce illégal qui alimente, selon Kinshasa, l’économie de guerre des rebelles et leur soutien rwandais.
Parmi ces mesures, la RDC a classé les sites miniers de Rubaya, dans le territoire de Masisi, et Nyabibwe, dans celui de Kalehe, comme des « sites rouges ». Rubaya, connu pour sa production de coltan, joue un rôle clé dans l’approvisionnement mondial en ce minerai stratégique, utilisé notamment dans l’industrie électronique. Selon les estimations officielles, Rubaya à elle seule représenterait entre 15 et 30 % du coltan extrait dans le monde.
Le gouvernement congolais exige désormais la suspension de l’octroi des certificats de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) aux exportations rwandaises, estimant que ces documents facilitent la commercialisation de minerais frauduleusement extraits du sol congolais. Il demande également la saisie et la confiscation des minerais exportés à partir du Rwanda, en attendant la réalisation d’un audit international de la chaîne d’approvisionnement du pays voisin.
L’objectif de ces décisions est de forcer la CIRGL à se conformer à ses propres normes en retraçant l’origine exacte des minerais exportés par le Rwanda. Kinshasa veut obtenir la suspension immédiate des certificats d’origine jusqu’à ce qu’un audit indépendant confirme que les minerais rwandais ne proviennent pas de zones sous contrôle du M23 en RDC. En mettant cette pression sur Kigali, la RDC cherche à obliger le Rwanda à ouvrir sa chaîne d’approvisionnement à une surveillance internationale indépendante. Par ailleurs, le gouvernement congolais espère rendre juridiquement impossible l’approvisionnement en minerais issus du Rwanda pour les importateurs finaux, notamment en Europe et en Asie.
Ces mesures s’inscrivent dans un contexte de tensions croissantes entre Kinshasa et Kigali, alors que plusieurs capitales occidentales commencent à prendre en compte les accusations congolaises sur le rôle du Rwanda dans le conflit de l’Est du pays. Le ministre des Mines a salué les réactions positives de plusieurs acteurs internationaux, citant notamment les sanctions imposées à James Kabarebe, conseiller spécial du président Paul Kagame, ainsi qu’à certains porte-parole du M23. Il a également évoqué la décision du Conseil de l’Union européenne de revoir son protocole d’accord sur les minerais stratégiques avec Kigali, une mesure qui pourrait marquer un tournant dans la pression exercée sur le Rwanda.
Le Conseil des ministres a pris acte de cette note et s’est engagé à suivre de près sa mise en œuvre, avec l’appui des partenaires internationaux.