Nous citoyens congolais, acteurs et organisations de la Société civile venant des 26 provinces de notre pays et de la Diaspora, suivons avec attention le processus électoral en cours dans notre pays et exprimons notre grande inquiétude face au développement croissant des actes de violence, d’intolérance politique, y compris contre les femmes, et des discours incitants à la haine tribale et contraires à notre vivre ensemble. Nous voulons affirmer ici et maintenant que quiconque sème aujourd’hui la violence, la haine, le tribalisme récoltera demain la justice, la condamnation et l’opprobre de toute la Nation.
Il est inadmissible que le temps des élections au lieu d’être l’occasion des débats publics sur l’avenir de notre pays et des confrontations sur les différents projets des sociétés des partis politiques devienne une occasion pour tuer, violenter ou diviser le peuple congolais. Nous, citoyens, acteurs et organisations de la Société civile condamnons unanimement tous ces actes et nous engageons à documenter tous les discours de haine, tous les actes de violence et de mettre ces éléments le moment venu à la disposition de la justice nationale et internationale.
En effet notre pays souffre depuis près de trente ans des effets de la guerre et des rebellions ainsi que d’une impunité générale des acteurs responsables de ce chaos. Il faut que cela cesse. C’est pourquoi nous lançons un vibrant appel à l’endroit de notre population pour qu’elle ne cède pas à l’instrumentalisation de ces acteurs politiques et autres qui ont fait de la violence, du divisionnisme et du populisme leur fonds de commerce. Nous rappelons aux partis politiques ainsi qu’à leurs dirigeants qu’ils sont responsables de l’éducation et de l’encadrement de leurs cadres et militants. Par conséquent ils seront tenus personnellement responsables des comportements de leurs membres. Ainsi, nous les encourageons à renforcer et à appliquer systématiquement et sans complaisance des mesures disciplinaires en cas de dérive. Nous leur rappelons aussi que nos lois interdisent la formation et la mise en place des milices au sein des partis politiques. A ce titre, nous demandons le démantèlement et des sanctions exemplaires contre toutes les milices et les groupes similaires qui concourent à l’insécurité, en rançonnant les civils et en attaquant des adversaires politiques. Les laisser opérer risque de faire le lit de la justice populaire et de favoriser la création de groupes d’autodéfense, comme il en pullule dans l’Est.
Nous appelons les autorités étatiques ainsi que les forces de sécurité et de défense à respecter les lois du pays et à protéger nos concitoyens de toute violence, et donc à s’autosaisir à la moindre incartade, en toute impartialité. L’utilisation de l’armée, de la police et des Agences de sécurité et de renseignement dans la répression des citoyens engagés paisiblement dans la défense de la démocratie constitue un crime et outre les agents exécuteurs, les responsables administratifs et politiques, donneurs d’ordre seront tenus aussi personnellement pour responsables et devraient rendre des comptes à la justice. Par ailleurs nous invitons toutes les institutions d’appui à la démocratie à faire preuve de responsabilité et de redevabilité en jouant pleinement le rôle qui leur est dévolu. Dans le cas contraire, les appels à la dissolution de certaines de ces institutions, jugées budgétivores, risquent de se multiplier et à raison.
Notre pays a beaucoup souffert des rébellions et des groupes armés. C’est pourquoi nous condamnons toute utilisation des moyens militaires pour conquérir le pouvoir.
Nous lançons un appel général à toute la classe politique, à l’élite intellectuelle ainsi qu’à tous les acteurs de la Société civile, à condamner publiquement tous les groupes armés y compris la nouvelle Alliance Fleuve Congo et à s’engager à ne pas collaborer avec ces derniers. Le combat du peuple congolais pour la liberté et la démocratie doit rester un combat politique et non violent.
Nous demandons à la communauté internationale de condamner et de sanctionner tout soutien extérieur à la rébellion du M23 et à traduire devant la justice internationale tous ceux qui participent à la déstabilisation de notre pays.
Le Congo doit rester un et indivisible et sa population mérite de vivre en paix. La guerre et la violence ont fait trop de mal à notre nation. Le temps de la justice est arrivé. Nous nous engageons à poursuivre cet idéal.
Que Dieu bénisse la République Démocratique du Congo.
Qui Sème La Violence by Infos Actualite.cd on Scribd