À l'approche des élections des Gouverneurs dans la province du Kwilu, une sombre réalité émerge à Bandundu, le centre névralgique de cette région congolaise. Les réseaux sociaux, théâtre moderne des tensions politiques, sont envahis par un flot de messages empreints de tribalisme et de division, attisant les rancœurs et alimentant les préjugés.
Dans cette lutte pour le pouvoir, les acteurs politiques, qu'ils soient en lice ou observateurs, ont cédé à la tentation du discours identitaire. Les partisans des partis et regroupements politiques de l'Union sacrée, prédominants dans le paysage politique du Kwilu, ne font pas exception. Les factions de Bandundu et de Bagata ont lancé des appels sans équivoque, exigeant que les députés provinciaux votent exclusivement en faveur des candidats issus de leurs tribus respectives.
"Cette fois-ci, c'est le territoire de Bagata et la ville de Bandundu qui doivent prendre les rênes de la province. Le prochain Gouverneur doit être originaire de Bagata", martèlent-ils sur les plateformes virtuelles.
Ces déclarations, chargées de rancœur et de partialité, sapent l'équité des élections en excluant délibérément les candidats provenant d'autres territoires. Une rhétorique tribaliste exacerbée par la notion contestée de rotation, selon laquelle les territoires ayant déjà été à la tête de la province seraient désormais exclus de la course au pouvoir.
Face à cette dérive dangereuse, la société civile de Bandundu-Ville s'est dressée pour dénoncer ces pratiques antidémocratiques. Martin Gizebu, Secrétaire de cette organisation, exhorte la justice à intervenir pour réprimer ces agissements, soulignant la nécessité impérieuse de mettre un terme à cette incitation à la haine tribale. Pour lui, ces discours toxiques ne font que miner la cohésion sociale et entraver le développement de la province.
"Les revendications des natifs de Bandundu et de Bagata menacent la stabilité de notre province. Nous sommes témoins de discours haineux et de division sur les réseaux sociaux, alimentant ainsi un climat de tension. Nous devons nous unir derrière un leader capable de nous guider vers un avenir meilleur, loin de la division tribale", a déclaré Martin Gizebu.
Dans un contexte où au moins 15 dossiers de candidature ont été déposés à la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) pour les postes de Gouverneurs et Vice-gouverneurs, les enjeux politiques sont plus que jamais palpables dans la région du Kwilu.
Jonathan Mesa, à Bandundu