De retour d’une tournée en Afrique où il a visité plusieurs pays de la région dont la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, le membre américain du Congrès Ronny Jackson s'est montré très critique sur la situation dans l’Est congolais qu’il a décrit comme une région « totalement non gouvernée ». Devant la commission des Affaires étrangères, Ronny Jackson qui a été présenté par la Présidence congolaise comme l’envoyé spécial de Donald Trump a également critiqué la gouvernance du pays qui, selon lui, est gangrenée par la corruption et l'enrichissement personnel des dirigeants au détriment de la population congolaise.
Face à ce feuilleton qui a suscité de vives réactions dans l'environnement sociopolitique congolais où l'on dénonce l'absence de sérieux dans les chefs des collaborateurs de Félix Tshisekedi, le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya estime que les positions exprimées par Ronny Jackson ne sont que ses "opinions personnelles" qui n'engagent pas l'administration américaine dans son ensemble.
"Ce qu'il a dit n'engage nullement le gouvernement américain. Nous avons eu à plusieurs reprises des discussions, que ce soit au niveau de la Maison Blanche ou au niveau du département d'État, il n'a jamais été question d'aucune manière de penser qu'on pouvait remettre en question ou faire un quelconque débat sur les limites frontalières ou territoriales de la République Démocratique du Congo. Pour preuve, regardez le 27 janvier je pense, il y a eu un premier appel entre le secrétaire d'État américain et le président de la République Félix Tshisekedi, et vous avez suivi que le même gouvernement américain a pris des sanctions contre James Kabarebe, qui est ministre d'État au Rwanda, considéré comme l'architecte de la guerre dans l'Est. J'ai vu les réactions qui sont évidemment fondées mais sa position n'engage à rien le gouvernement américain, avec qui nous sommes déjà dans des discussions sur des sujets qui sont variés et divers", a rassuré le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya lors d'un briefing presse tenu mercredi 26 mars 2025 à Kinshasa.
Pour Patrick Muyaya, si la RDC est agressée aujourd'hui par le Rwanda, c'est parce qu'elle veut améliorer la gouvernance minière dans l'Est de la RDC.
"Dans des commentaires, j'ai aussi vu qu'on parle des minerais dans cette partie Est. On vous a déjà démontré ici que la raison pour laquelle on nous fait la guerre dans l'Est, c'est parce que nous voulons justement améliorer la gouvernance, parce que nous voulons justement apporter plus de transparence. Nous, nous n'avons jamais dit que tout était parfait. Regardez depuis combien de temps cette violence persiste dans cette partie du pays, ce n'est pas depuis l'arrivée aux responsabilités du Président Tshisekedi", a soutenu le ministre, porte-parole du gouvernement.
Pour Muyaya, il ne suffisait pas de faire trois jours dans la région pour mieux comprendre la situation de la région et ce parlementaire américain se fait le relais de ceux qui racontent mal l'histoire de la région pour des intérêts personnels.
De retour aux États-Unis, le parlementaire républicain a déclaré devant une commission du Congrès que l’Est de la RDC est devenu, selon lui, une zone "totalement non gouvernée", où les autorités de Kinshasa "n’ont plus les moyens de contrôler la situation". M. Jackson a accusé plusieurs pays voisins – l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi – d’exploiter les ressources minières de l’Est congolais, affirmant : "Tout le monde le fait, et il n’y a rien pour les arrêter".
Il a également mis en cause la passivité des forces armées congolaises face au groupe armé M23, qu’il décrit comme opérant "sans réelle opposition", allant jusqu’à affirmer que dans certains cas, "les soldats congolais fuient ou rejoignent le M23". Le parlementaire a évoqué un "problème interne", lié au fait que certains membres du M23 ne seraient pas reconnus comme citoyens congolais. Il appelle à leur inclusion et suggère leur intégration dans l’armée congolaise.
M. Jackson a enfin dénoncé le climat des affaires en RDC, citant le cas d’une entreprise suisse qui, selon lui, aurait reçu une facture fiscale "de 80 milliards de dollars", avant qu’elle ne soit réduite à un milliard après réclamation. Il a pointé du doigt la corruption, l’instabilité judiciaire et l’enrichissement illicite de certains responsables politiques.
Clément MUAMBA