RDC-Walikale : Chaos médical dans la zone de santé rurale de Kibua, difficile de trouver même un comprimé de paracétamol après le pillage de l'hôpital, des poste et centres de santé par les rebelles de l’AFC/M23

L'entrée de l'hôpital généra de référence de Kibua
L'entrée de l'hôpital généra de référence de Kibua

La zone de santé de Kibua (territoire de Walikale) au Nord-Kivu fait face à une carence criante de médicaments et autres matériels médicaux de première nécessité depuis le récent pillage par les rebelles de l’AFC/M23 des différentes structures sanitaires. L'hôpital général de référence de Kibua, le centre de santé de Karambi et le centre de santé de référence de Kashebere sont les plus touchés.

Lire ici: Zone de santé rurale de Walikale au Nord-Kivu : des structures sanitaires pillées par les rebelles de l’AFC/M23 incapables de fonctionner, l’une d’elles décide de fermer provisoirement ses portes

Selon le médecin directeur de l'hôpital général de référence de Kibua, tous les services de sa structure sont paralysés. De la réception jusqu'à la médecine interne, en passant par la pédiatrie, la pharmacie, la maternité, le bloc opératoire et le laboratoire, aucun service n'a été épargné.

« Par exemple à la maternité, tous les kits d'accouchement ont été emportés. Même chose dans le bloc opératoire. Ces pinces que vous voyez ici, nous les avons ramassés. Nous sommes dans l'obligation de les stériliser à tout moment car nous risquons de recevoir un cas de césarienne pendant que nous ne sommes pas encore prêts. Nous n'avons pas d'anesthésie. Si nous recevons un cas d'intervention chirurgicale, nous ne saurons pas comment nous comporter car même la pharmacie qui est ouverte n'en a pas. Le laboratoire est aussi vide. Ils nous ont laissé trois microscopes qui sont en panne. Les autres matériels sont partis. Le peu de médicaments que vous voyez à la pharmacie, nous les avons reçus du secteur des Wanianga. C'est grâce à ça que nous essayons de renaître. Sinon, la prise en charge des malades ici est un sérieux problème », a déclaré le Dr Isaac Bihango, médecin directeur de l’hôpital général de référence de Kibua.

Il plaide auprès des autorités à tout le niveau pour un appui considérable en faveur de cet hôpital, car même l'assistance du secteur des Wanianga pourrait s'épuiser si rien n'est fait rapidement.

« Aujourd'hui, nous donnons des ordonnances aux malades pour qu'ils se débrouillent car ce que nous avons reçu du secteur ne suffit pas. Il y a des médicaments qui manquent. Ce que le secteur n'a pas donné, nous l'aurons où? Si le gouvernement ne nous arrive pas à temps à la rescousse, nous risquons de fermer nos portes. Nous appelons aussi nos partenaires à nous appuyer, sinon la situation est catastrophique », reconnaît ce spécialiste en santé publique.

Au centre de santé de référence de Kashebere, la situation est similaire. Le médecin directeur de l'hôpital général de référence de Kibua fait savoir que là aussi, tout a été emporté par l’AFC/M23.

« Le centre de santé de référence de Kashebere est en difficulté. Tous  les médicaments ont été emportés, tous les matériels du bloc opératoire emportés, les kits d'accouchement emportés, l'électrocardiogramme emporté, tous les matelas emportés, les lits de l'hôpital, le kit informatique de l'administration, les couvertures de réserve pour les enfants, tout a été emporté », a-t-il fait savoir parlant d'un bilan encore provisoire.

Cette autorité sanitaire en zone de santé de Kibua indique que les malades qui sont à ce centre de santé de référence provenant de la brousse traversent un moment très difficile en ce qui concerne leur prise en charge faute de produits pharmaceutiques.

Le centre de santé de Karambi basé à Mungazi dans la même zone de santé connaît aussi le même problème. Ici, l’AFC/M23 a emporté aussi tous les médicaments lors de son passage. Au-delà des médicaments, les batteries et les panneaux solaires qui servaient de source d'énergie ont été également emportés. Les lits et les matelas, rien n'a été retrouvé lors du retour de la population dans ce village, aujourd'hui sous contrôle de l'armée régulière.

Un autre problème c'est l'insolvabilité de la communauté, ajoute le Dr Isaac Bihango. La population qui revient de la guerre n'a rien pour payer les factures car elle a tout perdu après avoir subi le pillage. Il plaide auprès des partenaires pour la prise en charge de certains services dans les différentes structures sanitaires de la zone de santé.

« Si les partenaires ne font rien en tout cas, nous risquons de compter plusieurs morts plus que ceux de la guerre. Si on n'a pas de médicaments pour soigner les malades, c'est compliqué. Un autre problème, nous avons soigné plusieurs blessés des FARDC. Le général Kasikila Mwendapeke qui commandait les opérations avant l'arrivée du M23 nous avait demandé de soigner et que lui allait régler la facture. Il est parti avec une facture de plus de 8 millions de francs congolais. Nous ne savons plus auprès de qui nous diriger pour réclamer cet argent. Quand nous avons vu que nous n'avions plus de médicaments, nous  nous sommes endettés pour couvrir le stock, malheureusement ces médicaments ont aussi été emportés par les rebelles. Pour dire vrai, nous sommes par terre », a-t-il dit.

Pour lui, la situation est complexe et nécessite une attention particulière du gouvernement et ses partenaires pour tenter de relever ce défi. L'évaluation se poursuit sur l'ensemble de la zone de santé de Kibua afin de donner la situation globale des dégâts commis par les rebelles de l’AFC/M23 dans les structures sanitaires de la région.