RDC-Rwanda : « il convient d'épuiser les armes de la diplomatie avant toute chose … mais il est toujours bon de conserver un corridor diplomatique et de ne pas tout boucher » (Alphonse Ntumba Luaba)

Ntumba Luaba
Ntumba Luaba/Ph. droits tiers

L'ancien coordonnateur du panel qui accompagnait le mandat de Félix Tshisekedi à la tête de l'union africaine, le professeur Alphonse Ntumba Luaba, s'est exprimé sur une éventualité des ruptures des relations diplomatiques entre Rwanda et la RDC, à la suite de la résurgence du M23 soutenu par ce voisin, selon le gouvernement congolais.

Pour l'ancien ministre des droits humains, avant une éventuelle rupture des relations diplomatiques, il faut « épuiser les armes de la diplomatie ».

« Il convient d'épuiser les armes de la diplomatie avant toute chose. En peu de temps, le Président Tshisekedi a rendu visite à tous les pays voisins poursuivant la politique de bon voisinage tous azimuts. Il a été président en exercice de l'UA, actuellement de la CEEAC et en août de la SADC. En ce qui concerne la rupture des relations diplomatiques, c'est l'étape finale de tout un processus de perturbation des relations entre deux pays surtout s'il y a attaque ou agression de l'un par l'autre, dans ce cas la déclaration de guerre, elle est inévitable. A ma connaissance, depuis au moins une décennie, la RDC n'a pas d'ambassadeur au Rwanda et dans pratiquement tous les pays voisins à part le Congo Brazzaville, la RCA, la Tanzanie et probablement la Zambie. Il n’y a que des chargés d'affaires dont certains sont là depuis plus de 8 ans. Au Rwanda, il y a une femme chargée d'affaires depuis 2011 pratiquement donc pas d'ambassadeur à rappeler mais si le Rwanda exagère on peut aller jusqu'à la rupture des relations diplomatiques, mais il est toujours bon de conserver un corridor diplomatique et de ne pas tout boucher », a déclaré, à ACTUALITE.CD, le professeur en droit international, Alphonse Ntumba Luaba.

Et d'ajouter :

« Machiavel disait que pour se faire respecter, un pays doit pouvoir avoir une bonne diplomatie et une bonne armée. Comme l'a si bien dit le Président Tshisekedi, s’ils ne veulent pas de la paix totale, ce sera la guerre totale. Nous avons une population nombreuse et jeune, c'est un facteur de puissance. Nous demandons à toutes ces organisations sous régionales d'être franches et d'appliquer leurs règles loin de toute langue de bois, de ne pas se gêner à désigner l'agresseur ou le sorcier. Il y a eu des millions et des millions de morts au Congo du fait des actions meurtrières des pays voisins et des groupes qu'ils soutiennent et qui les aident aussi dans l'exploitation illégales des ressources ».

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son collègue de la communication et des médias, le ministre des affaires étrangères, Christophe Lutundula, avait appelé à la patience car, disait-il, le dossier n'a pas encore atteint ce niveau.

Contexte

Depuis avril, de violents combats opposent l'armée congolaise du groupe Mouvement du 23 mars (M23), ancienne rébellion tutsi, défaite par l'armée congolaise en 2013. Des combats se sont poursuivis mardi où l'armée tentait de reprendre deux collines stratégiques : Tchanzu et Runyoni, considérées comme des QG du M23 dans le territoire de Rutshuru dans la province du Nord-Kivu, selon des témoignages d'habitants.

A travers un communiqué publié ce mercredi 8 juin les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont accusé le gouvernement rwandais d'appuyer les rebelles du M23 avec 500 militaires dans les combats qui les opposent dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu, dans l'Est RDC.

Ivan Kasongo