Le professeur et historien Isidore Ndaywel est porteur d'un nouveau projet de Constitution en République Démocratique du Congo. À l'occasion de sa présentation samedi 19 août dernier au cours d’une conférence, M. Ndaywel a tenu à rassurer l'opinion que sa démarche est purement scientifique et vise à préserver l'intégrité territoriale de la République Démocratique du Congo. Il réfute déjà l’idée d’une démarche politique.
"J'ai pris cette initiative parce que je me rends compte que le problème de la balkanisation prend une autre allure. Il y a quelques années, j'ai pris l'initiative d'écrire l'histoire générale du Congo, personne ne me l'a demandé, j'ai estimé que c'est important que je fasse une telle étude pour le Congo. Pourquoi est-ce qu'on ne croit pas à la force des professionnels de la pensée ? Et pourquoi on croit que lorsqu'un professionnel de la pensée avance une idée c'est sûrement un politique qui est derrière? Ce sont même des hommes de pensées qui dirigent les professionnels de la politique. Il y a peut-être un an, j’ai fait une conférence à Paris sur le problème des frontières avec le Rwanda, quand je le fais il n'y avait pas encore de M23, personne ne me l'a demandé, j'ai pensé qu'il était de mon devoir d'éclairer les gens sur cette question et le hasard a fait quelque temps après il y a eu le M23. Il n'y a aucune malice derrière une démarche que je forme", a rassuré l'historien à une question de l'assistance.
Et de poursuivre :
"Dans ce pays, on prétend que les professeurs d'universités ne proposent rien, ils ne donnent pas d'idées et quand il y en a un qui en propose on dit, non non est-ce que c'est le bon moment ? Mais le bon moment c'est votre problème, c'est votre agenda politique parce que pour moi le bon moment c'est le présent, c'est au présent qu'on élabore le futur. N'imaginez pas qu'il y a quelque chose de particulier derrière ça, c'est une démarche, je le fais en toute transparence".
Le problème de la RDC réside dans les textes ou c’est l’homme politique congolais? Le changement de la constitution va-t-il garantir le développement ? Isidore Ndaywel appelle à la prise de conscience collective.
"Je suis étonné qu'aujourd'hui on me renvoie la balle, qu'est-ce qui ne va pas alors que notre constitution. Pendant des semaines et des mois tout le monde ne fait que critiquer cette constitution. Nous avons toujours peur du changement, quand il est question d'un changement nous préférons nous en tenir au statu quo mais nous devons faire l'effort d'identifier des solutions. Ceci c'est l'amorce d'une réflexion sur les problèmes de fond. Nous l'avons fait à la conférence nationale souveraine mais depuis lors, je ne retrouve plus la possibilité d'une réflexion interdisciplinaire avec toute la population, la société civile, les hommes politiques sur ces questions", a réagi M. Ndaywel.
D'après Isidore Ndaywel, le présent avant-projet constitutionnel de la RDC est donc le projet constitutionnel de la CNS (Conférence Nationale Souveraine) enrichi des propositions faites par lui-même. Une manière de restituer à la nation congolaise et à ses élites l'ensemble de ces idées qui sont disponibles et à leur portée. Ce projet a été adopté en 1996 mais n'a pas pu être mis en application suite à la conquête du pays par la rébellion de l'AFDL de Laurent Désiré Kabila.
Pour Isidore Ndaywel, ce projet jouit encore d'une certaine légitimité pour être retenu comme document de base à une telle démarche. Ce projet de nouvelle Constitution surgit à quelques mois de la fin du mandat de l’actuel Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi qui, constitutionnellement, a droit de se présenter une nouvelle fois à la présidentielle du 20 décembre prochain
Clément MUAMBA