« Les témoins de l’opposition n’ont pas participé à des opérations d’ouverture des bureaux de vote, n'ont pas fait de contrôle de bulletins, n'ont pas eu accès aux PV des procès-verbaux ». Ce témoignage poignant de Gratien Iracan, député de l'opposition, peint le déroulement des élections générales du 20 décembre dernier dans la province de l’Ituri, dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).
Ce témoignage vient peindre les irrégularités relevées par les missions locales et internationales d’observation des élections. Dans leurs rapports préliminaires, ces différentes missions ont parlé notamment de l’ouverture tardive des bureaux de vote, de leur accès limité des témoins des partis et regroupements politiques, et de la non remise des procès-verbaux aux témoins.
« Si vous avez par exemple 20 regroupements et 5 partis politiques, cela vous fait 25 témoins qui doivent passer à tour de rôle dans les bureaux. Ce n’est pas une situation normale. Les PV n’ont pas été remis à tous les témoins. Ils ont été plutôt remplacés par les fiches de résultats. Les quelques PV disponibles n’avaient pas le maximum des signatures des témoins », a fait savoir Gratien Iracan.
La problématique du nombre exact des bureaux de vote qui ont fonctionné durant les opérations et la durée de vote a également été abordée par le député.
« On a voté pendant deux jours. Certains bureaux ont ouvert à 18 h pour être fermés vers 2H ou 3h du matin. Il y a eu des bureaux fictifs et d’autres déplacés le jour de vote, le jour-j, ce qui a fait que certains électeurs ne retrouvent pas leurs noms sur les listes ».
Selon cet élu, cette situation a largement contribué au bourrage des urnes tant décrié par l’opposition.
« Quand vous n’avez pas de listes d’électeurs, automatiquement vous ne savez pas limiter le nombre de personnes ayant voté et leurs identités. C’était donc un vote chaotique », a-t-il martelé.
Pendant le vote, plusieurs actes de violence ont également été signalés. En Ituri, certains cas de violence sont justifiés par la fermeture temporaire des bureaux de vote par les agents de la Ceni, sans la présence des témoins.
« Les témoins n’ont pas participé comme il se doit au contrôle de tous les bulletins à l’ouverture des bureaux de vote. D’autres ont été mis dehors après les opérations de vote pour un soi-disant temps mort pour permettre aux agents de la Ceni de prendre un repas. Les gens ne comprenaient pas ce qui se passait dans les bureaux sans la présence des témoins. Voilà pourquoi il y avait un peu de violence pour rouvrir les bureaux », a expliqué Gratien Iracan.
Malgré ces irrégularités, Martin Fayulu, Moise Katumbi et Dénis Mukwege, principaux opposants et candidats à la dernière présidentielle n’ont pas saisi la cour constitutionnelle pour l’annulation des élections. Le délai de dépôt des requêtes a expiré mercredi dernier, avec un seul recours déposé, celui de Théodore Ngoy, également candidat à la dernière présidentielle, qui réclame l’annulation des élections. La cour constitutionnelle a jusqu’à 7 jours pour rendre son verdict
Bruno Nsaka