Malgré l'échec d’une médiation entre la RDC et le Rwanda sous l’égide de l’Angola, l'Union Européenne est catégorique : la crise dans l’Est de la RDC nécessite une solution politique et non militaire. Son Représentant spécial dans la région des Grands Lacs, Johan Borgstam, a fait cette déclaration mercredi 5 mars à l'issue de son périple dans la région des Grands lacs.
"J'ai insisté à Kigali et aussi à Kinshasa qu'il n'y a pas de solutions militaires à ce conflit. La seule solution possible, c'est une solution politique", a martelé, devant la presse à Kinshasa, Johan Borgstam.
Il a plaidé pour une bonne conduite des négociations par les organisations sous régionales à savoir, la communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) et la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC).
"Par rapport aux processus régionaux en cours, l'Union européenne soutient fortement les processus régionaux, on prend toujours ce qu'on appelle les solutions africaines pour les problèmes africains. J'aimerais quand-même ajouter l'importance pour les organisations régionales d'éviter la confusion par rapport à l'encadrement de ces négociations, de ces efforts en cours. Pour ma part, j'ai aussi effectué des déplacements à Luanda pour m'entretenir avec les autorités Angolaises et aussi à quelques reprises à Nairobi pour discuter avec les autorités Kényanes ainsi que l'équipe de l'ancien Président Uhuru Kenyatta ", a indiqué Johan Borgstam.
Sans le dire explicitement, le délégué de l'Union européenne reste dubitatif par rapport à la fusion des processus de Luanda et Nairobi tel que recommandé lors du sommet conjoint SADC-EAC tenu à Dar es Salaam en Tanzanie.
"La question des différents processus régionaux, il faut que je clarifie un peu, vous avez peut-être vu qu'il y a eu de référence à certains partenaires à une fusion entre le processus de Luanda et le processus de Nairobi mais ce n'est pas exactement clair de ce qu'une telle fusion représenterait on a l'impression après mes entretiens ici ce que la perspective congolaise, c'est plutôt un réalignement entre les deux processus, renforcement entre les deux processus ", a éclairé le diplomate européen.
Les processus de Luanda (Angola) et de Nairobi (Kenya) seront fusionnés dans les prochains jours. C'est l'une des résolutions du sommet conjoint des chefs d'État et de gouvernement de la communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) et la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC). En ordonnant la fusion de ces deux processus, ces assises de Dar es Salaam ont officialisé la tenue des discussions directes entre Kinshasa et la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda.
L’ancien président kényan Uhuru Kenyatta, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo et l’ancien Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn Boshe ont été désignés facilitateurs du processus de paix conjoint EAC-SADC pour l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Ces nominations interviennent alors que les affrontements entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les rebelles du M23/AFC se poursuivent dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, malgré les initiatives diplomatiques en cours. La lenteur observée dans cet aspect est à la base de la progression du M23 et 3 000 à 4 000 soldats rwandais, selon l’ONU. Ils ont pris Goma et Bukavu et poursuivent la percée au Sud-Kivu aggravant encore davantage la situation sécuritaire et humanitaire dans l'Est de la RDC.
Clément MUAMBA