Lutte contre le sexisme en RDC : le RJPF mobilise les médias pour déconstruire les stéréotypes de genre

Photo/ droits tiers
Photo/ droits tiers

Le Réseau des journalistes pour la promotion des droits de la femme (RJPF) a organisé ce vendredi 18 avril, une journée d'information à Silikin Village, dans la commune de Ngaliema à Kinshasa, sous le thème : « Casser les chaînes du sexisme envers les femmes : déconstruire les stéréotypes et la désinformation ».
L’événement a réuni des professionnels des médias, des acteurs de la société civile et des représentants d’institutions publiques, avec pour objectif de susciter une réflexion collective sur les discours sexistes profondément enracinés dans la société congolaise, et sur le rôle de la désinformation dans la perpétuation des inégalités et de la chosification des femmes.
Quatre personnalités publiques étaient invitées à intervenir : (i) Christian Bosembe, président du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), (ii) Joséphine Mbela, juriste et chargée de plaidoyer à l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ), (iii) Pacifique Nkuzi, chargé de la participation politique et de la lutte contre les violences électorales faites aux femmes à l’ONU Femmes RDC, (IV) Anny Modi, activiste féministe et directrice exécutive de l’ASBL Afia Mama.

Des interventions contre le sexisme

La première prise de parole est revenue à Christian Bosembe, qui a mis en lumière les principaux obstacles à l’épanouissement de la femme africaine. Il a dénoncé les stéréotypes encore tenaces selon lesquels : la place de la femme se limite au foyer ou une femme instruite représente une menace pour l’homme.
Le président du CSAC a par ailleurs, salué la gestion des femmes politiques en RDC, qu’il a jugée plus intègre, citant une absence notable de détournements parmi elles. Il a exhorté les médias à dépasser leur rôle de simples vitrines pour devenir des instruments de déconstruction des mentalités rétrogrades.

Maître Joséphine Mbela a quant à elle évoqué les textes juridiques existants en faveur des droits des femmes, notamment le Protocole de Maputo et la Convention sur l’élimination de toutes les formes de violences à l’égard des femmes. Elle a regretté que ces textes restent souvent méconnus. « Les lois sur la parité existent, mais elles manquent de visibilité et de vulgarisation pour être réellement appliquées », a-t-elle déclaré. Elle a également rappelé que le harcèlement moral et psychologique, y compris les violences verbales, est sanctionné par le Code pénal congolais.

Pour sa part, Pacifique Nkuzi a attiré l’attention sur la montée des violences faites aux femmes sur les réseaux sociaux. « Le cyberharcèlement a pris le relais des violences dans les sphères professionnelles et familiales. Certaines publications offensantes sont désormais punies par deux ordonnances-lois signées récemment par le président Félix Tshisekedi », a-t-il précisé.

Anny Modi a clôturé les interventions en définissant les notions de stéréotypes et de préjugés.
« Le stéréotype est une image préconçue ; le préjugé, c’est le stéréotype qui s’est enraciné au point de devenir un jugement inébranlable », a-t-elle expliqué.
Elle a dénoncé l’ancrage de ces représentations dans les coutumes congolaises, et tout en saluant l’existence d’un cadre juridique protecteur, elle a regretté son application encore trop timide. Elle a également pointé l'absence de certains responsables politiques à des événements liés aux droits des femmes, y voyant un manque de volonté politique.

Une campagne pour une représentation digne

Cet événement s’inscrivait également dans le cadre du lancement de la campagne « Respecte-moi », initiée par le RJPF.
« Cette campagne vise à dénoncer les violences symboliques faites aux femmes, à déconstruire les stéréotypes véhiculés dans les médias, et à promouvoir une représentation respectueuse et valorisante de la femme dans la société », a souligné Maguy Mbuku Muzembe, coordonnatrice du réseau.

La conférence s’est conclue par une séance de questions-réponses, permettant aux participants d’approfondir les échanges, suivie d’un cocktail propice aux discussions individuelles avec les intervenants.

À propos du RJPF

Le Réseau des journalistes pour la promotion des droits de la femme (RJPF) est un collectif engagé pour l’égalité des sexes en RDC. Il œuvre à :
- Promouvoir les droits des femmes à travers les médias,
- ⁠Sensibiliser la population sur les violences faites aux femmes et les discriminations,
- ⁠Former les journalistes à un traitement éthique et responsable des questions liées au genre.

Nancy Clémence Tshimueneka