100 ans du Parc des Virunga : près de 220 éco-gardes tués dans l'exercice de leur mission au cours des 20 dernières années

Le Parc des Virunga a totalisé 100 ans ce lundi 21 avril 2025. Depuis deux décennies, près de 220 éco-gardes ont perdu la vie dans l'exercice de leur mission qui est la protection du parc national des Virunga, ce joyau naturel classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Aujourd’hui, près de la moitié du parc est sous la menace directe d’environ 1 500 combattants appartenant à des groupes armés comme l’AFC/M23, les ADF, les miliciens Maï-Maï et les FDLR.

« Depuis plus de vingt ans, nous avons été confrontés à de nombreuses attaques contre les éco-gardes. Près de 220 d’entre eux ont perdu la vie. Rien qu’entre 2023 et 2024, au moins sept gardes ont été tués. Ils travaillent dans des conditions extrêmement difficiles, souvent dictées par l’insécurité générale qui règne dans la province», a indiqué Emmanuel de Merode, directeur du parc national des Virunga.

Selon le directeur du parc, ces forces négatives tireraient jusqu’à 30 millions USD par an du pillage illégal des ressources naturelles du parc, dont les bois, le charbon de bois, la faune sauvage et les minerais rares. Une économie de guerre qui saigne à blanc ce patrimoine naturel de 790 000 hectares, allant des savanes jusqu’aux sommets glacés du Rwenzori.

Pour faire face à l'intensification des attaques, les autorités du Parc des Virunga ont entrepris de renforcer les positions de leurs éco-gardes, les abritant tant bien que mal des incursions armées. Des déploiements aériens sont également envisagés pour maintenir une surveillance minimale dans les zones les plus instables.

«Ce parc abrite la plus grande biodiversité protégée au monde. C’est également le parc qui a su préserver cette richesse naturelle avec le plus de détermination. Nous avons également développé un système de déploiement par voie aérienne. Cela inclut l’utilisation d’avions pour éviter les embuscades fréquentes sur les routes. Le système de convois a aussi été renforcé, avec de meilleurs équipements et véhicules, afin de minimiser au maximum les menaces et les dangers auxquels sont exposés les éco-gardes dans leurs déplacements», a précisé le directeur du parc national des Virunga.

Mais cette stratégie reste précaire. « La station de Rumangabo ne fonctionne plus depuis plusieurs mois », regrette le directeur du parc national des Virunga, citant la pression constante des rebelles de l’AFC/M23 dans les secteurs Sud et Centre.

«Plusieurs activités touristiques et de conservation au sein du parc national des Virunga sont actuellement suspendues en raison de l’insécurité persistante causée par la présence des groupes armés locaux, notamment les rebelles de l’AFC/M23. Cette situation affecte particulièrement des sites importants comme la station de gardes parc de Rumangabo, qui ne fonctionne plus depuis un certain temps. Selon un responsable du PNVI, cette paralysie entrave non seulement la protection de la biodiversité, mais aussi le développement du tourisme écologique, pourtant vital pour les communautés locales. La menace constante que représentent ces groupes empêche la reprise des activités, en dépit des efforts fournis pour restaurer la paix dans la région.»

Malgré un environnement de plus en plus hostile, les équipes sur le terrain ne renoncent pas. En 2024, les écogardes ont surveillé plus de 8 460 kilomètres de territoire et retiré 46 pièges dans les forêts, en dépit des pertes de terrain dues aux représailles des groupes armés. Leur mission continue, entre courage et sacrifices.

Depuis sa création en 1925, le Parc national des Virunga n’a cessé de fasciner le monde par sa biodiversité exceptionnelle : gorilles de montagne, éléphants, okapis, et la plus grande population d’hippopotames du continent. Pourtant, l’occupation militaire des territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo affaiblit dramatiquement l'autorité de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN).

Josué Mutanava, à Goma