Les émoluments mensuels d’un député national se lèvent à 16 millions de francs congolais aujourd’hui, rapportent plusieurs sources contactées par ACTUALITE.CD dont des élus. A ce montant, il faut ajouter d’autres rubriques souvent appelées « les invisibles » qui font parfois grimper les chiffres jusqu’à 21 000 dollars. Est-il que ces montants sont fluctuants, selon plusieurs leviers dont l’activité parlementaire régulière, les missions, l’appartenance aux commissions ou même à un regroupement politique.
Le débat sur la rémunération des députés n’est pas nouveau. Il est revenu dans l’actualité avec un communiqué de Martin Fayulu mardi qui dénonce non seulement « la violation flagrante de la loi budgétaire », mais aussi « un achat de conscience par le braquage des caisses de l'État ».
« Il m'est, en effet, difficile de comprendre que dans un pays comme la RDC où 70% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour, un député soit rémunéré 15 fois plus qu'un professeur d'université, 30 fois plus qu'un médecin et 200 fois plus qu'un huissier de la fonction publique. Cela veut dire que le député d'un pays classé parmi les plus pauvres du monde est rémunéré plus qu'un député français ou américain »
Et d’ajouter:
« Tout part donc en vrille! Comment peut-on expliquer qu'un pays en guerre et où les médecins et les professeurs d'universités sont en grève, puisse augmenter de plus de 100% la rémunération de ses députés nationaux? Si l'on ajoute les sommes colossales versées aux membres du bureau, cette augmentation inexplicable représente une charge supplémentaire pour le trésor public de plus de 200 millions de dollars; et ce, de janvier 2022 à février 2024, date de fin de mandat », ajoute t-il.
Martin Fayulu exige une enquête des institutions en charge du contrôle des finances publiques pour établir les responsabilités sur cet obscur acte de corruption et de délinquance financière. Il suggère également la démission du bureau de l'Assemblée nationale « et l'annulation immédiate de cette augmentation injustifiée ».
Pourtant, au cours de la réunion du conseil des ministres du 12 août 2022, Félix Tshisekedi est revenu une nouvelle fois sur "la rationalisation des dépenses publiques » qui, insistait-il, passe impérativement par la réduction du train de vie des institutions publiques de façon à réduire substantiellement les dépenses courantes au profit des dépenses d'investissements socio et structurantes. Sous la supervision du premier ministre, le ministre d'État, ministre du budget ont été chargés de veiller que ces priorités d'investissements soient pris en compte dans l'élaboration du projet de la loi de finances pour l'exercice 2023. Avant d’évoquer le budget 2023, Félix Tshisekedi et le Premier ministre, ont plusieurs fois émis le vœux de voir le train de vie des institutions être réduit, mais depuis rien ou presque n’a été fait.
En janvier, l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) avait même publié des chiffres clés démontrant que le gouvernement Sama a échoué dans son projet de réduire le train de vie des institutions. Et cela ne concerne pas que le parlement. Les recettes additionnelles identifiées d’environ 2,9 milliards de dollars américains dans le cadre du collectif budgétaire ont été à plus de 80% affectées aux fonctionnent et rémunérations des institutions : Présidence (72,3 millions $) ; Primature (9,5 millions $) ; Assemblée nationale (27,5 millions $); Sénat (24,9 millions $) », disait l’ODEP.