RDC: le gouvernement Suminwa ne reflète pas les ambitions et les défis auxquels le pays est confronté (Hervé Diakiese)

Hervé Diakese, membre du CLC

Après la publication du gouvernement, la première ministre Judith Suminwa s'apprête à présenter son programme devant l'Assemblée nationale en vue de son investiture. En attendant cette étape, l’équipe gouvernementale ne cesse de susciter des réactions dans l'environnement sociopolitique congolais. Pour Hervé Diakiese, porte-parole du parti Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, le gouvernement Suminwa ne reflète pas les ambitions et les défis auxquels le pays est confronté. Il note que la première ministre n'a pas respecté elle-même ses critères fixés d'avance pour faire partie de l'équipe gouvernementale.

"C'est une montagne qui a accouché d'une souris, vu le temps que ça a pris on se serait attendu à ce que cette plateforme qui est l'union sacrée qui a pris le pays et les institutions en otage nous produise un gouvernement qui reflète quand-même les ambitions et les défis auxquels notre pays est confronté. La première ministre avait dit qu'elle voulait une équipe restreinte et resserrée dont les portefeuilles seraient inférieurs au gouvernement précédent. Nous avons quasiment quelque un ou deux ministères près et en plus qu'on a essayé de séparer le même format et le même nombre de gens, nous avons quasiment la moitié de l'équipe sortante qui est de retour, ça sous-entend en réalité que c'est plus un remaniement ministériel peut-être avec un nouveau premier ministre. Ce n'est pas du tout une nouvelle équipe gouvernementale", a-t-il déploré au cours d'une interview accordée à ACTUALITE.CD jeudi 30 mai.

Pour ce proche collaborateur de Moïse Katumbi, ce gouvernement reflète ce qu'ont été les querelles autour de la mise en place du bureau de l'Assemblée nationale, les querelles de l'union sacrée qui bloquent le fonctionnement des institutions.

"On a essayé par quelques nouvelles têtes et quelques anciennes têtes recyclées. Madame la première ministre voulait des technocrates mais là nous avons plus affaire à des politiciens de carrière et qui ne se sont pas certainement illustrés par un bilan qui puisse permettre d'avoir de l'espoir. Tous ces arguments de forme nous laissent déjà croire que cette équipe n'a aucun profil pour faire face aux défis de l'heure. Les questions de défense et d'intégrité du territoire national surtout qu'à peine nous venons d'échapper à un coup d'État au Palais de la Nation. Vous avez un ancien Vice-premier ministre qui a été ministre de la défense qu'on a rétrogradé ministre des Transports pour hisser dans ce ministère une personnalité qui a peut-être ses qualités mais dont on ne connaît aucun précédent à son actif sur des questions de défense, de sécurité ou des stratégies", a fait remarquer Hervé Diakiese.

S'agissant du ministère de l'intérieur, il s'est montré optimiste par le profil du nouveau ministre de l'intérieur. "Je suis plutôt relativement optimiste en ce qui concerne Maître Jacquemain Shabani dans le volet de respect des droits des libertés publiques puisque nous étions tous ensemble dans la rue lorsque nous revendiquions et c'est souvent le ministère de l'intérieur qui est chargé d'assurer la répression", a-t-il salué. 

Saluant le profil de Daniel Mukoko Samba, Hervé Diakiese indique qu'au regard de la configuration de la chaîne des dépenses, la première ministre ne sera pas complètement libre.

La publication de ce gouvernement intervient près de cinq mois après l'investiture du Président Félix Tshisekedi mais aussi près de deux mois après la nomination de la nouvelle première ministre Judith Suminwa Tuluka. Ce gouvernement de 54 membres est le fruit de la coalition majoritaire à l'Assemblée nationale à savoir l'union sacrée de la nation, famille politique qui a accompagné Félix Tshisekedi lors des élections générales de décembre 2023.

Le gouvernement Judith Suminwa Tuluka est très attendu face aux multiples défis que traverse le pays actuellement. Il s'agit notamment de la situation sécuritaire préoccupante dans l’Est du pays ainsi que de la situation socio-économique de la population, marquée notamment par la perte du pouvoir d'achat à la suite de la dépréciation de la monnaie nationale, le franc congolais.

Clément MUAMBA