En RDC, les retraites honorables attribuées aux politiciens congolais cachent une réelle mauvaise manœuvre de rançonner la caisse de l’Etat

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Dans son rapport publié le 24 février 2025 sur la réduction du train de vie des institutions en République démocratique du Congo, le réseau panafricain de lutte contre la corruption (UNIS), dénonce une réelle mauvaise manœuvre de dirigeants politiques congolais de rançonner la caisse de l’Etat à travers les frais de retraite honorable attribués aux politiciens.

Dans son rapport, l’UNIS soutient, tout de même, toute retraite honorée envers ceux qui ont servi la nation, mais dit ne pas être d’accord lorsque cette retraite sert à un moyen de vider la caisse de l’Etat. Il estime que « cet état de chose est aussi à la base du train de vie opulent des institutions ». 

« La République doit savoir honorer ceux qui l’ont servi. Cela se fait dans plusieurs démocraties mais ne peut jamais se confondre avec une opportunité d’offrir une vie de luxe aux anciens dirigeants déjà mieux rémunérés durant l’exercice de leurs fonctions », indique-t-il dans son rapport sur la réduction du train de vie des institutions politiques en RDC.

Pour UNIS, il n’est donc raisonnable qu’une vie luxueuse, contrastant avec celle de la population lambda, soit accordée aux dirigeants qui n’ont songé qu’à eux-mêmes pendant qu’ils étaient aux affaires.  

« Pourtant en RDC, être animateur ou membre d’une institution de la République n’est plus un sacerdoce. Servir la République au sein des institutions est devenu un moyen par excellence pour se servir soi-même ainsi que ses proches aux frais des contribuables Congolais au détriment du bien-être collectif », a-t-il souligné.

Le réseau panafricain de lutte contre la corruption explique, dans son rapport qu’en 2018, dans un contexte politique marqué par le non-respect des échéances électorales conformément au délai constitutionnel, le pays s’est doté de la loi portant statut des anciens présidents de la République élus et fixant les avantages accordés aux anciens chefs de corps constitués de la RDC.

Initialement, cette loi devait se limiter à traiter les questions liées aux anciens présidents de la République. Mais Unis indique que certains animateurs et membres des institutions de l’époque ont trouvé, à travers cette loi, une brèche pour insérer aussi les anciens chefs de corps constitués en vue de s’assurer une retraite des privilégiés aux frais du Trésor public.

« Bien que c’est un devoir pour l’Etat congolais d’assurer une retraite honorable aux agents publics de l’Etat, catégorie incluant les animateurs et membres des institutions, il est quand-même aberrant de voir les animateurs et membres des institutions s’octroyer mutuellement des avantages énormes pendant et après leurs fonctions politiques. Alors que d’autres agents publics de l’Etat comme eux, ne bénéficient pas des avantages similaires malgré leurs loyaux services à l’Etat congolais durant plusieurs années » dénonce-t-il dans son rapport.

Dans cette même loi, un ancien président doit bénéficier des avantages, tels qu’une pension spéciale, une allocation annuelle pour services rendus. Par contre, cela est déterminé chaque année par le Parlement lors du vote de la loi des finances. L’UNIS s’inquiète, tout de même, de ce que toucherait un ancien président  conformément à cette loi vu l’opacité qui caractérise les rémunérations et avantages des animateurs et membres des institutions.

UNIS précise également que selon la même loi portant statut des anciens présidents de la République, les anciens présidents de deux chambres du parlement s’accordent également de divers avantages, notamment une indemnité mensuelle et de logement, un titre de voyage par an en business class sur le réseau international, deux véhicules après cinq ans une fois renouvelable.

Par ailleurs, un décret déterminant les avantages et devoirs reconnus aux anciens Premiers ministres de la RDC avait été signé en novembre 2018 par Bruno Tshibala. Selon ce décret, un ancien Premier ministre a droit de toucher 30 % des émoluments du Premier ministre en fonction, une indemnité mensuelle de logement chiffrée à 5 000 dollars américains, un titre de voyage par an en business class sur le réseau international et autres avantages au frais du Trésor public. Tous ces frais pèsent sur le trésor public y compris les charges en cours d’exercice des membres des institutions, déplore l’UNIS.

Jean-Baptiste Leni