Sud-Kivu: bipolarité à la tête de l'assemblée provinciale, chaque camp décide et la crise s'enlise

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La situation politique s'est détériorée au Sud-Kivu suite à la crise persistante au sein des institutions provinciales. La première institution qui est l'assemblée provinciale est secouée par une dichotomie à  sa tête. Deux bureaux se sont installés et chacun prend des décisions dans tous les sens, semant ainsi une cacophonie.

A la base, des motions de censure et de défiance (5) initiées depuis plusieurs mois par des députés  contre le gouverneur Théo Ngwabidje et son gouvernement divisent l'organe délibérant bien que la majorité des élus soutiennent le départ du chef de l'exécutif provincial.

A peine le gouverneur revient aux affaires après plusieurs jours passés en dehors de ses fonctions suite au vote d'une motion de défiance contre lui. Le même jour de sa réhabilitation après un recours à Kinshasa, une autre motion de censure est signée contre lui et son gouvernement. 

Eclatement de l'assemblée provinciale

C'est l'examen de cette dernière motion qui fait éclater l'assemblée provinciale. Mais les tendances sont visibles à l'hémicycle. Il y a clairement ceux qui soutiennent le gouverneur et ceux qui veulent à tout prix son départ. Le nombre des députés pour ou contre dépend des motions des circonstances. Certains qui étaient du côté de Ngwabidje lors de trois premières motions ont changé de camp, vice-versa. 

26 députés mettent Ngwabidje en accusation

Le premier camp est constitué de 26 députés parmi lesquels le vice-président de l'assemblée provinciale, Norbert Yabe, le rapporteur Amani Kamanda Jacques et le rapporteur adjoint Bumbu Malite. Ce groupe initiateur des motions a décidé de mettre en accusation Théo Ngwabidje. Habitués à délocaliser leurs plénières à l'hôtel Ruzizi, ils ont voté pour la mise en accusation de Théo Ngwabidje.

"Les indices sérieux de culpabilité, des détournements, de megestion, des ventes illicites des maisons de État ont été constatés par la plénière. Voilà pourquoi, les députés ont jugé bon de mettre en accusation monsieur Théo Ngwabidje Kasi, gouverneur de province ", dit Amani Kamanda Jacques. Ces députés ont aussi destitué la questeure Blandine Kalafula.

Ngwabidje s'appuie sur une dizaine de députés

Dans cette même assemblée, un autre groupe de plus de 18 députés appelés pétitionnaires est le bouclier de Théo Ngwabidje. Pour faire pression, ces élus procèdent par des pétitions contre les membres du bureau dont le vice-président, le rapporteur et le rapporteur adjoint.

" Nous avons trouvé que c'était important qu'on se prononce sur la motion du gouverneur. C'était inutile d'en discuter parce qu'il n'y a pas longtemps, nous avons eu l'arrêt de la cour constitutionnelle, nous avons dit on rejette la motion", a déclaré Lwamira Zacharie président officiel du bureau de l'assemblée provinciale du Sud-Kivu qui est l'un des soutiens du gouverneur.

Cette dualité du bureau de l'assemblée provinciale du Sud-Kivu a entraîné la convocation de deux plénières différentes par ces différents bureaux.

Le vice-premier ministre et ministre de l'intérieur Peter Kazadi a convoqué à Kinshasa ces deux bureaux pour une consultation.

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Justin Mwamba