Est de la RDC: les élections de 2023 et le retrait des forces kényanes de l'EACRF ont ralenti le processus de Nairobi accentuant la crise, selon Uhuru Kenyatta

Les troupes kényanes arrivées à l'aéroport de Goma
Les troupes kényanes arrivées à l'aéroport de Goma

Le processus de Nairobi qui a pour but de trouver une solution à la situation alarmante de la partie Est de la RDC a connu des ralentissements ces deux dernières années, suite notamment à des impasses politiques. Parmi elles, les élections de décembre 2023 en RDC et le refroidissement des relations diplomatiques entre Kinshasa et Nairobi. Le facilitateur de ce processus, Uhuru Kenyatta, l’a noté dans son rapport actualisé de la situation aux secrétariats de l’Union Africaine (UA), de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC). 

Il note qu’en juin 2023 alors que la 4ème Conférence du Dialogue Intra-congolais était sur le point d'avoir lieu, l'attention politique en RDC s'est tournée vers les prochaines élections de décembre 2023, un changement qui a entraîné un ralentissement du processus de paix de Nairobi.

“Suite aux élections de décembre 2023 en RDC, la formation d'un nouveau gouvernement a retardé la reprise du processus de Nairobi. Bien que les contacts avec les principales parties prenantes se soient poursuivis, le manque de dynamisme politique, couplé à la reprise des hostilités dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, a considérablement sapé les progrès réalisés en 2022-2023”, souligne le communiqué de l’ancien Président Kenyan.

De l’autre côté, le départ des forces kényanes de l’EACRF a aussi plombé la situation.

“Malheureusement, parallèlement, une impasse politique a entraîné le retrait des forces kényanes de l'EACRF. Cette suspension a perturbé la dynamique du processus de paix, entraînant un ralentissement des négociations de paix, une rupture de la coopération militaire et, finalement, une résurgence des combats dans la région”, ajoute Uhuru Kenyatta.

Le Facilitateur indique que malgré les efforts déployés pour maintenir le dialogue, notamment les consultations avec le Président congolais Félix Tshisekedi et les dirigeants du M23, le climat politique et sécuritaire en RDC est devenu de plus en plus instable. Mais pour lui, ce processus reste l’alternative nécessaire pour une paix durable dans l’Est de la RDC.

“Le Processus de paix de Nairobi, bien que temporairement mis de côté, reste un cadre essentiel pour le dialogue et la résolution des conflits dans l'est de la RDC. Le Facilitateur reste déterminé à trouver des voies vers la paix, en collaboration avec le gouvernement de la RDC, les partenaires régionaux et les acteurs internationaux”, rassure-t-il.

Uhuru Kenyatta avait déjà présenté un rapport sur l'état d'avancement du Processus de Nairobi lors du 24ème Sommet Ordinaire des Chefs d'État de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC), le 30 novembre 2024. Cette mise à jour sera au centre des discussions lors du Sommet conjoint de la Communauté de Développement de l'Afrique Australe (SADC) et de l'EAC, prévu à Arusha en Tanzanie ces 7 et 8 février 2025, ainsi que lors de la 37ème Session Ordinaire de l'Union Africaine prévu également en ce mois de février.

Lancé en 2021/2022 sous l'égide de la Communauté d'Afrique de l'Est, le Processus de Nairobi vise à rétablir la paix et la stabilité en RDC à travers deux piliers principaux. D’un côté un dialogue politique, impliquant groupes armés, factions politiques, société civile et partenaires régionaux dans des discussions inclusives pour une résolution durable du conflit. De l’autre, une intervention militaire, avec le déploiement de la Force Régionale de la Communauté d'Afrique de l'Est (EACRF), chargée d'assurer la stabilisation sur le terrain.

Actuellement, l’avancée des groupes rebelles dont le M23 demeure inquiétante alors qu’ils font la loi dans plusieurs localités, cités et ville notamment Goma, dans l’est de la RDC, défiant les forces armées congolaises et causant des torts incalculables dans la population. Le M23 uni au mouvement Alliance Fleuve Congo (AFC) de Corneille Nangaa, poursuit la conquête des territoires congolais ces derniers jours dont les touts derniers sont Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu et les cités de Minova, Nyabibwe, ainsi que plusieurs autres localités dans le Sud-Kivu.

Kuzamba Mbuangu