Environ 10 dates composent la tournée de présentation du livre “Le silence de l'âme” de l’écrivain congolais Joyeux Ngoma Mbumba. La première ayant déjà eu lieu le 28 février dernier au petit séminaire Saint Jean-Marie Vianney à Kinshasa, la deuxième activité autour du livre s’est tenue ce vendredi 7 mars, à l’Université Panafricaine du Congo, dans le quartier Cité verte à Kinshasa. Une rencontre avec les étudiants, juste une semaine avant de partir pour le Kongo-Central.
Dans cette province du Sud ouest de la RDC, Joyeux Ngoma va devoir profiter du privilège de partager l’expérience de son livre avec des lecteurs, des élèves et des étudiants dans différents lieux. Cette tournée représente aussi pour lui un moment d’échange humain où il rencontre des gens qui peuvent être touchés par le message qu’il transmet, qui du reste touche l'âme, le fort intérieur, la réconciliation avec soi-même.
“Pour les enfants, je mets l’accent sur l’importance de l’écoute intérieure, de l’empathie, et de ne pas avoir peur de s’exprimer. Leur rappeler que leur voix compte, même dans un monde bruyant. Pour les adultes, le message est plus axé sur la recherche de la paix intérieure et la réconciliation avec soi-même et les autres. Que l’on soit jeune ou adulte, le silence de l’âme est un chemin d’humanité que nous pouvons tous emprunter”, affirme Joyeux Ngoma à ACTUALITE.CD
Le recueil “Le silence de l’âme”, publié le en mai 2023 aux éditions Afri’Ka, est préfacé par l’artiste musicien Jean Goubald Kalala. Son auteur, Joyeux Ngoma, y aborde des thématiques d’actualité, notamment l’exil forcé. À travers ces récits, il dresse le portrait d’africains confrontés à la dure réalité de leurs illusions perdues, remettant en question l’image idéalisée de l’Europe souvent perçue comme une terre promise pour bien des mondes.
“C’est des sujets qui me touchent profondément. Ces histoires de migration, ces parcours de souffrance, de rêves brisés et d’espoir malgré tout, me font réfléchir sur la nature de l’humanité. L’exil, ce déracinement, est une réalité qui affecte de nombreuses vies, et en parler dans mon livre, c’était une manière de rendre hommage à ceux qui l’ont vécu et d’essayer de comprendre ce qu’ils traversent, ce qu’ils recherchent. C’est aussi un appel à plus de solidarité, de compréhension et de respect”, souligne Joyeux.
Les nouvelles de ce livre racontent, au fil des pages, différents thèmes dont la clandestinité, l’illusion de l’argent ou encore les réalités autour de l’éruption volcanique de la ville de Goma qui a endeuillé de nombreuses familles. A l’heure où la situation est encore plus critique dans ce chef-lieu de la province du Nord-Kivu, Joyeux Ngoma félicite la bravoure et la résilience de la population de cette ville.
“Je voudrais d’abord exprimer ma solidarité envers les habitants de Goma. Leur résilience face aux épreuves est une source d’inspiration. Aujourd’hui, même si la situation a changé, ce qui reste constant, c’est la force intérieure des gens, leur capacité à se relever, à se reconstruire, malgré tout. Mon message serait de ne jamais perdre espoir et de continuer à se battre pour un avenir meilleur, à la fois pour eux-mêmes et pour leurs enfants. Le courage et la détermination de cette population doivent être soutenus”, souhaite-t-il.
Joyeux Ngoma croit au fait que chaque génération a un rôle à jouer dans l’évolution du monde. En tant que jeune, il aimerait conscientiser cette même couche de la population, l’amener à réfléchir sur des enjeux profonds, à se poser des questions sur leur place dans la société. “Je me sens profondément responsable, non seulement en tant qu’écrivain, mais aussi en tant qu’être humain, d’offrir aux jeunes un cadre pour réfléchir et grandir”, pense-t-il.
La première rencontre autour du livre a eu lieu au petit séminaire Jean-Marie Vianney le 28 février dernier. Une premier contact qui donne raison à l’artiste d’avoir mis en texte littéraire son ressenti.
“Le retour a été incroyablement positif, et ce premier contact a confirmé pourquoi j’ai écrit ce livre. Les séminaristes, jeunes et moins jeunes, se sont beaucoup retrouvés dans les thèmes abordés, comme la résilience, les luttes personnelles et sociales. L’interaction avec le public a été très ouverte et m’a vraiment motivé à poursuivre cette tournée. Chaque rencontre me donne un peu plus de sens à cette œuvre”, raconte Joyeux Ngoma.
Le livre, paru il y a deux ans, a été réédité en février dernier, après avoir été sacré coup de cœur du jury au Prix Emilie-Flore Faignond en octobre 2024. Des exemplaires qui se vendent plutôt bien quand Joyeux pense déjà écrire un autre livre toujours avec des sujets d’actualité tels que la guerre ou la corruption.
“L’actualité est remplie d’événements qui me touchent et qui résonnent profondément dans mon cœur. Il y a des thématiques comme la guerre, la mal gouvernance, les inégalités, la quête de sens, et la crise environnementale qui me poussent à réfléchir à un nouveau projet. Je crois que l’écriture est un moyen puissant de donner du sens à ce que l’on vit et de sensibiliser sur des sujets brûlants. Donc, oui, un autre livre est dans les tuyaux”, confie-t-il.
Joyeux Ngoma Mbumba, surnommé le Poète de la rue, est écrivain et auteur-compositeur. Très tôt exposé à la littérature grâce à sa mère enseignante et à son environnement scolaire, il développe une passion pour l’écriture. Il a collaboré avec plusieurs artistes congolais et occupé des postes comme rédacteur chez SkyEvent Magazine et vice-président de l’ASBL J’accuse Ma Génération, dédiée à la promotion de la littérature.
Économiste de formation, il est également engagé dans le monde culturel et entrepreneurial. Fondateur et coordonnateur du Cercle Du Savoir, il œuvre pour la promotion de la culture, de l’art et de l’entrepreneuriat. Il est aussi à l’origine de Oratory Club, une structure événementielle, et membre actif de plusieurs associations littéraires congolaises telles que Écrivains du Congo, Pax In Terra et AJECO.
Kuzamba Mbuangu