RDC: « le contexte dans lequel le CSAC a été mis en place ne lui permet pas de donner son meilleur à cause de son inféodation politique » (Me Charles Mushizi)

Charles Mushizi
Charles Mushizi

A l'occasion d’un forum public organisé ce jeudi 24 avril à Kinshasa par Ebuteli, un institut de recherche en politique, gouvernance et violence sous le thème "CSAC, régulateur ou partisan ?", Charles Mushizi, avocat et directeur du Centre d'échanges pour des réformes juridiques et institutionnelles, a alerté sur l'inféodation politique au sein du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel et de la Communication ( CSAC), une pratique qui nuit à la régulation médiatique en République démocratique du Congo.

« Le contexte dans lequel le CSAC a été mis en place jusqu'à ce jour ne permet pas à cet organe de donner le meilleur de lui-même à cause de son inféodation politique très remarquable. Ce sont des institutions politiques qui désignent en grande partie les membres qui composent le CSAC et qui, ensuite, les valident », a décrié cet avocat au barreau de Kinshasa-Matete.

Au cours de cet atelier, Charles Mushizi a ouvertement critiqué le mode de fonctionnement de cet organe de régulation médiatique congolais et le processus de désignation de ses animateurs, qui handicape cette institution censée jouer l'intermédiaire entre le législateur et la liberté de la presse.

« le CSAC est tenu de soumettre ses rapports annuels à une institution politique qui s'appelle l'Assemblée nationale, et c'est le chef de l'État qui nomme tous les animateurs par ordonnance présidentielle. Et par-dessus tout, puisque c'est une institution politiquement inféodée, elle n'a aucune capacité de s'inscrire utilement dans le budget de l'État parce n'ayant aucune indépendance institutionnelle pour s'imposer à ce titre », s'est-il indigné.

Me Mushizi a aussi proposé une piste de solution face à ce défi structurel en suggérant, par exemple, que les animateurs du CSAC soient issus des sociétés savantes telles que les universités, la société civile et les églises car, selon lui, c'est là que les individus croient encore fondamentalement aux valeurs.

Invité par les organisateurs, le représentant du CSAC a brillé par son absence lors de cet échange citoyen, qui a regroupé chercheurs, journalistes et acteurs politiques.

Ce forum s'inscrit dans le cadre du projet Actions pour la transparence des élections ( ACTES). Elle fait suite à une étude publiée fin août 2024 par Ebuteli avec comme thématique « CSAC, régulateur ou partisan ? » une note qui a étudié la composition, les procédures de nomination opaques et les ressources limitées ayant conduit à autant d'obstacles à l'exercice impartial de la mission de régulation.

César OLOMBO