Une plainte contre le Président du Sénat Modeste Bahati Lukwebo a été déposée au parquet près la Cour de cassation. Il s'agit d'une initiative de l'ancien premier ministre Augustin Matata Ponyo qui juge irrégulières toutes les démarches judiciaires menées contre lui par le Procureur général près la Cour constitutionnel “en complicité” avec le bureau du Sénat.
En réaction, l'Alliance des forces démocratiques du Congo (AFDC), formation politique chère à Modeste Bahati Lukwebo estime que le bureau de la chambre haute du parlement n'a fait qu'appliquer les dispositions de la Constitution et du Règlement Intérieur du Sénat. L'AFDC s'est dit surpris de constater les provocations, insultes et attaques personnelles à l'endroit président du Sénat allant jusqu'à intenter un procès infondé et sans cause contre ce dernier.
"Ce que l'opinion nationale et internationale doit savoir c'est que Monsieur MATATA PONYO ne veut pas que la vérité soit connue sur sa responsabilité dans la débâcle de Bukangalonzo surtout qu'il se présente comme meilleur gestionnaire de la République. Il craint fortement que cela ne soit contredit par ses présumés détournements. D'où la multiplication des entraves à la justice, le recours à des intimidations et aux tentatives de corruption" dit l'AFCD dans une déclaration faite ce samedi 24 juin 2023 au siège du parti situé sur l'avenue de la libération à Kinshasa.
Et de poursuivre :
"Le Sénateur MATATA PONYO tient à se victimiser et à politiser un dossier purement judiciaire. Tout le monde sait qu'en date du 05/07/2021 lorsque ses immunités avaient été levées, Monsieur MATATA PONYO n'avait encore créé son parti politique tout comme il n'était pas candidat déclaré à la présidence de la République. Monsieur MATATA PONYO doit savoir que l'article 180 du code pénal qu'il évoque dans sa fuite en avant ne s'applique qu'aux fonctionnaires de l'Etat. Le Sénateur MATATA PONYO doit cesser de distraire l'opinion et de récuser toute personne".
Cette formation politique membre de l'Union sacrée de la nation met en garde Augustin Matata Ponyo et souhaite que le procès de l'ancien premier ministre soit télévisé pour que l'opinion soit fixée de la vraie identité de Matata Ponyo en ce qui concerne la gestion de la chose publique.
"L'AFDC prévient que pour toutes les imputations dommageables et fausses accusations de Monsieur MATATA à l'égard de l'honorable Président du Sénat et Autorité Morale de l'AFDC, Modeste BAHATI LUKWEBO, va saisir la justice en vue de corriger définitivement Monsieur MATATA PONYO qui se croit être un congolais spécial non justiciable et n'ayant de compte à rendre à personne pour sa gestion calamiteuse", indique le parti de Modeste Bahati Lukwebo.
Et d'ajouter :
"L'AFDC souhaite que son procès soit public afin que la vérité soit connue sur la destination des centaines des millions de dollars américains tels que révélés dans le rapport de l'inspection Générale des Finances".
Près de deux ans après, le Procureur Général près la Cour constitutionnelle, Jean Paul Mukolo a une nouvelle fois saisi le bureau du Sénat pour solliciter l’autorisation d’instruction judiciaire à charge du sénateur Matata Ponyo. Il justifie sa démarche par l’existence des faits nouveaux contenus dans un rapport d’inspecteurs des finances membres de la commission de contrôle sur la gestion du parc agro industriel de Bukanga Lonzo. Ce rapport, d’après le Sénat, fait état d’infractions de faux et usage de faux et de détournements des deniers publics à charge du sénateur Matata Ponyo.
Après avoir reçu le réquisitoire du Parquet général près la Cour constitutionnelle, le bureau du Sénat avait invité le PG près la Cour constitutionnelle pour l’audition sur cette affaire. Après l’exposé du Procureur mardi 20 juin dernier en l’absence du sénateur concerné, le bureau de la chambre haute du parlement a estimé qu’il n’est pas nécessaire d’autoriser pour la deuxième fois les poursuites à l'endroit de l’ancien Premier ministre Matata Ponyo d'autant plus que depuis le 5 juillet 2021, l'ancien premier ministre est déjà à la disposition de la justice à la suite d'une décision du bureau du Sénat.
En date du 15 juin 2021, la plénière du Sénat avait décidé de rejeter la demande de lever les immunités du sénateur Matata Ponyo à la suite du réquisitoire du Procureur général près la Cour constitutionnelle dans l’affaire Bukanga Lonzo. En effet, 46 sénateurs avaient voté Oui, 49 sénateurs ont voté Non et un bulletin nul. Quelques semaines après, alors que le Sénat était en vacances, le bureau du Sénat avait autorisé des poursuites à l’encontre du sénateur Matata Ponyo. Il avait transmis le dossier y afférent au Procureur général près la Cour constitutionnelle. Ce, après une réunion du bureau de cette chambre à laquelle M. Mapon avait aussi pris part.
Le Procureur Général de la République, Jean-Paul Mukolo Nkolesha avait adressé le 24 juin 2021 au Président du Sénat, un réquisitoire aux fins d'obtenir l'autorisation d'instruction d'un autre dossier à charge de l'ancien Premier Ministre. Il s'agit cette fois-ci, des faits de détournement des deniers publics des fonds destinés à l'indemnisation des 300 personnes qui seraient propriétaires des biens Zairianisés.
Clément MUAMBA