Le Président de la République a tenu des propos qui n’ont pas forcément mis tout le monde d’accord. Dimanche 25 juin dernier, à Mbuji-Mayi, au Kasaï Oriental, Félix Tshisekedi a déclaré, d’un ton ferme, qu’il n’hésitera pas à s'attaquer, sans remords, à tout congolais qui mettrait en danger la sécurité et la stabilité de la RDC.
“Peu importe ce que l'on dira, violation des droits de l'homme, privation de liberté, je n'en démordrai pas parce que démocrate je suis, démocrate, je resterai. Je n'ai aucune leçon à recevoir de qui que ce soit dans ce domaine”, a-t-il soutenu dans son discours devant des fidèles catholiques, au stade Kashala Banzola.
En réaction, l’opposant Delly Sesanga, président du parti politique “Envol”, également déclaré candidat président de la République, en a profité pour faire valoir son projet une fois élu, qui va dans le même sens. Pour lui, la conception de la sûreté de l’Etat contre la dérive dictatoriale est d’en arriver à un niveau où seules la constitution et les lois de la République dictent la conduite et les actes des dirigeants, dans le respect sans faille des droits de l'homme et de la dignité de la personne humaine.
“En démocrate, partisan de l'État de droit, je condamne avec fermeté ces graves propos du Chef de l'État qui ébranlent les fondements de la cohésion nationale et de la concorde intérieure. Il revient au peuple congolais, comme nous l'ont instruit Patrice Emery Lumumba ainsi que les 13 parlementaires à ne pas céder à la peur, à défendre la Constitution et les lois de la République, y compris contre toute autorité qui s'en écarte”, peut-on lire dans un message qu’il a rendu public.
Félix Tshisekedi réagissait avec vigueur à ce qu’il a qualifié de “dérive au sein de l’Eglise catholique”. Dans un message sanctionnant la 60e assemblée plénière, les évêques de la CENCO réunis à Lubumbashi ont notamment dénoncé un “recul démocratique” au pays marqué notamment par des arrestations arbitraires des opposants, entre autres pour “atteinte à la sûreté de l’Etat”.
M. Sesanga rappelle que dans un État de droit, c'est la loi qui définit les conditions ainsi que les circonstances dans lesquelles il y a lieu d'évoquer l'atteinte à la stabilité et à la sécurité du pays, dont la sûreté de l'État est une des composantes. Il ne revient pas au Chef de l'État de décider de poursuivre toute personne qu'il accuse, à tort ou à raison, de porter atteinte à la sécurité de l'Etat, estime Sesanga.
“J'affirme, sur pied des prescrits de la Constitution, que le respect des droits de l'Homme et des libertés publiques n'est donc, ni une option pour le Président de la République, ni une libéralité du chef de l'État à ses sujets, ni une valeur négociable à l'aune des calculs politiciens. C'est un droit des citoyens et une obligation du serment constitutionnel du Président de la République, sous peine de haute trahison”, ajoute Delly Sesanga.
Ces réactions interviennent à six mois des élections et au moment où des tensions sont vives entre le pouvoir et l'opposition. Martin Fayulu, Moise Katumbi, Delly Sesanga et Augustin Matata ont multiplié des actions contre le pouvoir ces derniers jours. Ils « unissent leurs idées et forces pour mener des actions communes en vue d’obtenir l’organisation des élections dans le délai constitutionnel, dénoncer la vie chère et ce qu'ils qualifient de l'instauration de la dictature par le régime Tshisekedi ».
Emmanuel Kuzamba