RDC-M23 : des retournés confrontés à plusieurs maladies dont le choléra, plus de 270 patients sont pris en charge au centre de santé de référence de Sake

Des retournés à Sake frappés par l'épidémie de choléra
Des retournés à Sake frappés par l'épidémie de choléra

Les mouvements de retour des déplacés dans leurs milieux d’origine se poursuivent dans le Nord-Kivu depuis la prise de la ville de Goma par les rebelles du M23 fin janvier. Après des mois passés notamment dans les camps de Bushagara, Kanyaruchinya, de nombreuses familles arrivent dans leurs villages où elles sont confrontées à une vie précaire, provoquant de multiples défis sanitaires. Les retournés sont entre autres malmenés par le choléra. C’est le cas de ceux qui sont arrivés dans la cité de Sake, à au moins 26 kilomètres à l’ouest de Goma.

« Les familles de retour dans leurs habitations endommagées, sont confrontées à des conditions de vie précaires. Ils ont trouvé que tout détruit : leurs maisons, leurs champs et même les dispositifs sanitaires laissés par les humanitaires dans la cité ont été détruits par les affrontements. Ils sont obligés de boire de l’eau non traitée, ce qui affecte la plupart des déplacés », a fait savoir à ACTUALITE.CD Munguiko, ancien responsable du site des déplacés de Mugunga-Lwashi dans la périphérie de Goma.

Le choléra menace désormais les communautés de retour à Sake où plus de 270 patients sont pris en charge.

« À présent, nous avons plus de 270 patients qui souffrent du choléra et qui présentent des symptômes tels que des diarrhées aiguës et des vomissements », a indiqué Dunia Mwendakwabo clover, infirmier titulaire du centre de santé de référence de Sake.

Durant la guerre entre le M23 et les forces loyalistes à Sake, le centre de santé a été endommagé alors qu’il reçoit aujourd’hui 20 fois plus de malades qu’auparavant.

« Notre structure était devenue un logement pour certains militaires. Lors des affrontements, tout a été détruit et pillé. Au retour des déplacés, nous sommes confrontés à cette épidémie et à d’autres maladies, mais malheureusement, nous ne savons pas quoi faire. Avant, nous recevions 10, 20, 30 malades par jour, mais aujourd’hui, nous en accueillons jusqu’à 150 quotidiennement. Sans l’aide de MSF, je ne sais pas ce que nous ferions. Ils nous ont fourni des médicaments, ce qui nous permet au moins de soigner les malades », a ajouté l’infirmier titulaire de Sake.

Médecins Sans Frontières (MSF), qui organise le traitement, craint une rupture de stock en raison car l’approvisionnement reste difficile à cause de la fermeture de l’aéroport.

« Nous plaidons pour l’ouverture d’un couloir humanitaire afin de nous permettre de recevoir nos stocks de médicaments bloqués à l’étranger. Actuellement, nous utilisons uniquement les médicaments que nous avions en réserve. Nous appelons aussi d’autres acteurs à venir en aide à ces déplacés. Avec la recrudescence des maladies, nous demandons l’implication d’autres organisations qui pourraient compléter nos actions. Si MSF se concentre principalement sur l’aspect médical, d’autres structures pourraient intervenir dans des domaines comme l’environnement, l’accès à l’eau et bien d’autres secteurs. Il est urgent d’apporter une aide aux familles touchées », a déclaré Mulomba Georges, responsable des soins infirmiers de MSF.

A part le choléra, d’autres maladies telles que le paludisme, les infections respiratoires et la malnutrition font rage. Le retour aux villages ne garantit pas un accès immédiat aux ressources alimentaires. Les habitants de Sake ont besoin d’aide.

« Aidez-nous, s’il vous plaît. Je suis arrivé ici il y a cinq jours avec de fortes douleurs au ventre, car je n’avais pas trouvé d’eau potable ni de nourriture. J’ai supporté à la maison mais finalement j’étais obligé de venir à l’hôpital », a témoigné une déplacée.

Un autre ajoute : « Nous avons trouvé que tout est détruit. Ma maison avait pris feu. Je suis rentré en pensant retrouver un toit, mais il ne restait plus rien. Je suis obligé de rester dans un camp avec d’autres personnes dont les villages sont encore en insécurité. »

Les camps des déplacés se sont vidés suite à l’ordre de l’AFC/M23, qui affirme ne pas vouloir la présence de huttes et d’autres abris de fortune à Goma. Ces mouvements de retour sont faits cependant, dans des conditions inappropriées. Plusieurs organisations humanitaires ont dénoncé le caractère forcé du retour des déplacés dans leurs milieux d'origine.

Yvonne Kapinga