Assassinat de Chérubin Okende: "c'est donc un virage très dangereux que le pays vient de prendre à la fois sur le plan sécuritaire et sur le plan politique" (Trésor Kibangula, Analyste politique)

Photo/ Droits tiers
Photo/ Droits tiers

Ancien journaliste et Analyste politique à Ebuteli (Institut congolais de recherche, partenaire du Groupe d’étude sur le Congo), Trésor Kibangula s'est exprimé sur l'assassinat du député national et ministre honoraire des transports, Voies de communication et Désenclavement Chérubin Okende retrouvé ce jeudi 13 juillet à bord de sa Jeep Lexus Super Sport immatriculé 8953AF/19 devant le garage de Kinshasa en diagonale de la Direction Générale de la Société Pétrolière du Congo (SEP CONGO).

Pour Trésor Kibangula, ce drame à 5 mois de la tenue des élections générales en République Démocratique du Congo vient de conduire le pays dans un virage dangereux sur le plan sécuritaire et sur le plan politique.

"C'est comme un coup de tonnerre, cette disparition brutale de Monsieur Chérubin Okende, on parle là d'un député national, ancien ministre qui peut-être pris dans son véhicule et se retrouve le lendemain mort. C'est donc un virage très dangereux que le pays vient de prendre à la fois sur le plan sécuritaire dans la ville de Kinshasa et sur le plan politique. C'est l'heure d'émotions, de la condamnation de cet acte lâche et barbare mais ce n'est pas encore l'heure de jugement", a-t-il prévenu au cours d'un entretien accordé à ACTUALITE.CD

Et de poursuivre :

"Cette tragédie vient ajouter une dose de psychose dans un environnement sociopolitique déjà très incertain ici à Kinshasa et dans l'ensemble du pays. Elle met aussi en lumière le climat d'insécurité généralisé et à 5 mois des élections, elle soulève des préoccupations majeures sur l'exercice du jeu démocratique dans le pays, elle remet enfin gravement en cause le caractère apaisé et crédible des élections à venir. Comment peut-on encore caresser l'espoir des élections apaisées lorsqu'un opposant, député national de surcroît peut-être abattu de la sorte, peu importe qui est l'auteur de ce crime et comment peut-on aller sereinement aux élections lorsque cette psychose que cet événement suscite, risque d'empêcher certains acteurs politiques à s'exprimer librement".

Moïse Katumbi n’y va pas par quatre chemins. Il parle d’un “assassinat politique”, à la question de savoir si celà, serait également son avis? Trésor Kibangula dit comprendre l'attitude du leader de Ensemble pour la République et insiste sur la nécessité d'ouvrir une enquête réellement indépendante et impartiale.

"Je mesure la colère de ses proches et de son parti, je mesure la tristesse de sa famille politique et biologique, il faudra très rapidement s'assurer qu'une enquête impartiale voir indépendante puisque la justice n'est pas le point fort de ce quinquennat comme l'a reconnu lui même le Chef de l'État donc il faudrait très rapidement s'assurer qu'une enquête impartiale et indépendante puisse apporter la lumière sur ce qui se passait.", a recommandé ce chercheur à Ebuteli

Réagissant à ce que pense une certaine opinion sur la mise en place d'une machine par le régime en place censée écarter les pro Moïse Katumbi aux élections de décembre, l'ancien journaliste de Jeûne Afrique estime que cette hypothèse doit être prise en compte dans l'analyse au regard de la succession des faits sur terrain.

"Je pense qu'il faut prendre en compte le fait de cette tragédie sur l'opinion publique congolaise. Aujourd'hui, l'opinion interprète celà comme une attaque contre un acteur politique de l'opposition issu d'un parti qui a aligné un candidat à la présidentielle Moïse Katumbi et dont le bras droit est détenu depuis quelques semaines, c'est une donne qu'il faut prendre en compte dans l'analyse de ce qui se passe ou de ce qui va se passer. Et le fait que la Cour Constitutionnelle soit peut-être, malgré elle, citée dans cette affaire obligera cette haute juridiction à se justifier notamment sur l'opportunité de la convocation et sur le fait qu'elle soit utilisée finalement comme le terrain d'exécution de ce qui se passait", a-t-il souligné.

La nouvelle est tombée dans l’avant-midi de ce jeudi 13 juillet. Chérubin Okende, ancien ministre des transports, a été retrouvé mort dans sa jeep abandonnée sur l’avenue Poids Lourds à Kinshasa. La veille, Ensemble pour la République avait dénoncé un « lâche enlèvement » intervenu « au parking de la Cour constitutionnelle ». Son corps, taché de sang, a finalement été extirpé de sa voiture par la police scientifique ce jeudi en présence des éléments de l’armée, puis acheminé à la morgue.

Chérubin Okende était haut cadre et porte-parole du parti de Moise Katumbi. Ce dernier s’est déclaré candidat à la présidentielle de décembre prochain. C’est un climat de terreur qui règne dans la capitale et dans certaines villes du pays à moins de six mois des élections. Plusieurs opposants dont Salomon Kalonda, le conseiller spécial de M. Katumbi, le député Mike Mukebayi, aussi membre du parti Ensemble pour la

République, l’ancien député et proche de Katumbi, Franck Diongo  sont aux arrêts.

Clément MUAMBA